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Albanie- Durrës (Épidamne-Dyrrhachion)

En 627 av. J.-C., des colons grecs de Corinthe et de Corcyre fondent Épidamne en territoire illyrien, sur la rive orientale de l’Adriatique. Sa situation portuaire et son arrière-pays lui assurent une rapide prospérité comme place d’échanges entre la Grèce et l’Illyrie. Au VIe s., de riches familles d’Épidamne participent aux Jeux Olympiques et la cité fait construire un trésor à Olympie.
Le nom de Dyrrhachion apparaît au Ve siècle sur les monnaies dont la large diffusion manifeste la réussite économique de la cité. Malgré la relative souplesse de sa constitution oligarchique, une guerre civile éclate en 435 : l’intervention des Illyriens, de Corcyre et d’Athènes d’un côté, de Corinthe de l’autre, mène à la guerre du Péloponnèse (432-404). Épidamne sort ruinée de cette crise.
Elle est impliquée au IVe s. dans les changements d’équilibre qui affectent la péninsule balkanique, avec l’expansion macédonienne vers l’Adriatique. En 314, Cassandre, roi de Macédoine, prend Épidamne ; les Corcyréens la libèrent et la donnent au roi illyrien Glaukias ; son successeur Monounios l’intègre à son royaume. La présence des Illyriens se renforce aux IIe-Ier s. av. J.-C. : parfaitement assimilés, ils accèdent à de hautes magistratures.
En 229/8 et 219 av. J.-C., la mainmise de Rome sur l’Adriatique se heurte aux Illyriens. Lors des « guerres illyriennes », Épidamne se place sous la protection de Rome. Elle en tire une prospérité économique accrue, surtout à partir de la création de la Via Egnatia qui fait d’elle et d’Apollonia les têtes de pont du trafic vers les Balkans. Le nom de Dyrrachium remplace définitivement celui d’Épidamne. En 49-48 av. J.-C., la cité est le théâtre d’un important épisode de la guerre civile entre Pompée et César. Elle devient colonie romaine en 30 av. J.-C. : c’est la fin de son histoire monétaire autonome, mais pas de sa prospérité de port populeux et actif, « taverne de l’Adriatique ». La ville se dote d’importants monuments et à la fin du Ve s., l’empereur Anastase, originaire de Dyrrachium, renforce ses fortifications. Détruite à plusieurs reprises par des tremblements de terre, elle se relève à chaque fois.
Le partage de l’Empire romain en 395 fait d’elle la capitale de la province Epirus nova ; au IXe s. elle devient celle du thème de Dyrrachium, une unité administrative de l’Empire byzantin. Sa situation de porte des Balkans l’expose aux conquérants : le Goth Théodoric en 486, les Bulgares aux Xe et XIe s., les Normands aux XIe s. et XIIe s., puis les Vénitiens. En 1190 y est créé le principat des Arbères et en 1272 Charles Ier d’Anjou y proclame le regnum Albaniae. Le tremblement de terre de 1273 amorce le déclin de la ville, sous domination vénitienne à partir de 1392. La conquête ottomane en 1501 en fait une bourgade insignifiante.

Dès 1436, Cyriaque d’Ancône recueille un certain nombre d’inscriptions dans la ville. Durazzo est ensuite longtemps restée à l’écart de la recherche : il a fallu attendre la mission archéologique de Macédoine des Français Léon Heuzey et Henri Daumet, publiée en 1876, pour disposer d’une description d’ensemble des vestiges visibles dans l’agglomération moderne. Pendant la première guerre mondiale, ces travaux sont repris et complétés par les Autrichiens Camillo Praschniker et Arnold Schober, puis durant les années 1920 par le Français Léon Rey : ce dernier effectue des sondages archéologiques dans la ville et donne la première description complète des murailles.
Ce n’est qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale que la recherche archéologique albanaise s’est développée à Durrës, sous l’impulsion de Vangjel Toçi qui en fut le protagoniste jusqu’à sa mort en 1999. De nombreux édifices publics et privés de la ville hellénistique et romaine sont alors mis au jour dans des fouilles de sauvetage, tandis que l’amphithéâtre et surtout les nécropoles grecques et romaines, aux abords de la ville moderne, ont fait l’objet d’explorations systématiques : stèles et mobilier funéraire constituent la plus grande part de l’exposition du Musée. Depuis le début des années 1990, de nombreuses missions étrangères sont intervenues plus ou moins ponctuellement pour réexaminer les grands monuments, alors que le récent développement urbain sauvage compromet tout programme de fouille d’ampleur et détruit les vestiges des niveaux antiques, malgré la profondeur de leur enfouissement. L’EFA est engagée dans plusieurs opérations de sauvegarde : dans les années 1990, la publication du corpus des inscriptions d’Épidamne-Dyrrhachion ; depuis 2002, l’étude du richissime mobilier du sanctuaire d’Artémis fouillé en 1970-1971, et depuis 2014 celle de la topographie urbaine avec la constitution d’un SIG.


Bibliographie

Les travaux effectués sur le site de Durrës font l’objet de rapports préliminaires et d’articles qui paraissent régulièrement dans le Bulletin de correspondance hellénique (Open Edition / Persée) et dans le Bulletin archéologique des EFE.
Des ouvrages de synthèse paraissent dans la sérieRecherches archéologiques franco-albanaises


Quelques ouvrages de référence :

  • Léon Heuzey, Henri Daumet, Mission archéologique de Macédoine, Paris, 1876, « Chapitre quatrième :  Dyrrhachium ou Epidamnos, aujourd’hui Durazzo », p. 349-381
  • Léon Rey, « Fouilles de la mission française à Apollonia d’Illyrie et à Durazzo » et « Les remparts de Durazzo », Albania 1, 1925, p. 26-32 et p. 33-48 respectivement
  • Maurizio Buora, Sara Santoro (éd.), Progetto Durrës. Vol. 1, L’indagine sui beni culturali albanesi dell’antichità e del medioevo: tradizioni di studio a confronto, Antichità Alto-Adriatiche 53, 2003. Vol. 2, Strumenti della salvaguardia del patrimonio culturale, Antichità Alto-Adriatiche 58, 2004
     
  • Pierre Cabanes (dir.), Corpus des inscriptions grecques d’Illyrie méridionale et d’Épire, Études épigraphiques 2. Vol. I.1 : Pierre Cabanes, Faik Drini, Inscriptions d’Epidamne-Dyrrhachion, Paris, EFA, 1995, et Vol. I.2 : Pierre Cabanes, Neritan Ceka, Inscriptions d’Épidamne-Dyrrhachion et d’Apollonia 2, Paris, EFA, 1997