Paphos MafaP fig. 8. Le débouché de l’aqueduc souterrain dans la citerne romaine. Vue vers le Nord
Paphos MafaP Fig. 7 Vestiges du rempart Ouest. Vue vers le Nord-Est
Paphos MafaP Fig. 5. Préservation enduits peints avant dépose
Paphos MafaP fig. 4. Chambre cultuelle souterraine avec exèdre décorée d’une coquille et trois niches
Paphos MafaP Fig. 3. Vue aérienne du sud de la colline de Fabrika, acropole de Paphos Le théâtre et le temple
Paphos MafaP Fig. 2. Vue du site avec au 1er plan le soubassement du temple sur la colline de Fabrika où travaille la Mission française, vue vers le sud-ouest
Paphos MafaP fig. 1. Vue aérienne du site vue plus rapprochée
Paphos fig. 6 Carrières hellénistiques souterraines
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Paphos MafaP fig. 8. Le débouché de l'aqueduc souterrain dans la citerne romaine. Vue vers le Nord
Paphos MafaP Fig. 7 Vestiges du rempart Ouest. Vue vers le Nord-Est
Paphos MafaP Fig. 5. Préservation enduits peints avant dépose
Paphos MafaP fig. 4. Chambre cultuelle souterraine avec exèdre décorée d'une coquille et trois niches
Paphos MafaP Fig. 3. Vue aérienne du sud de la colline de Fabrika, acropole de Paphos Le théâtre et le temple
Paphos MafaP Fig. 2. Vue du site avec au 1er plan le soubassement du temple sur la colline de Fabrika où travaille la Mission française, vue vers le sud-ouest
Paphos MafaP fig. 1. Vue aérienne du site vue plus rapprochée
Paphos fig. 6 Carrières hellénistiques souterraines
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Le site de Nea Paphos, inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1980, se trouve sur le territoire de la ville moderne de Paphos sur la côte sud-ouest de Chypre. C’est à la fin du IVe siècle avant J.-C. qu’a été créé le port de Paphos et que la nouvelle ville s’est développée, 15 km au Nord-Ouest de l’ancienne Paphos, ville éponyme du royaume chypriote et du sanctuaire de la Grande Déesse. Pline l’Ancien (HN V, 35, 2) est le premier à distinguer les deux villes, Palae et Nea Paphos. Le débat perdure pour déterminer si la fondation de cette dernière est à porter au crédit de Nikoklès, dernier roi de Paphos descendant des Kinyrades, ou de Ptolémée, fils de Lagos, satrape puis roi d’Égypte. Quoi qu’il en soit, la ville se développe au IIIe siècle et devient, au début du siècle suivant, le siège du strategos lagide dans l’île et, après 146 av. J.-C., c’est à Paphos qu’est rassemblée la flotte ptolémaïque, chassée de mer Egée. Après l’annexion de Chypre par les Romains en 58 av. J.-C., l’île est devenue province sénatoriale sous Auguste, Paphos conservant son rôle de siège administratif. La ville, détruite par un séisme en 15 av. J.-C., se releva grâce à la générosité de l’empereur ; pour honorer leur bienfaiteur, les Paphiens furent autorisés, par un sénatus-consulte, à appeler leur ville Augusta (Dion Cassius LIV, 23). Celle-ci fut à nouveau victime de séismes destructeurs sous les règnes de Vespasien et d’Hadrien, aussi a-t-elle été plusieurs fois l’objet de reconstructions avec la volonté d’en faire une vitrine du pouvoir impérial dans l’île jusqu’à ce que, au IVe siècle de notre ère, Constance II lui préfère Salamine, renommée Constantia.

Bien que le site antique ait suscité l’intérêt de voyageurs et d’érudits locaux dès le XIXe siècle, il fallut attendre 1952-53 pour que soient réalisés les premiers sondages exploratoires par les Français Jean Bérard et Jean Deshayes à la nécropole d’Iskender au Nord de la ville antique. À la suite de la proclamation de la République de Chypre, en 1960, les fouilles se sont multipliées, réalisées par les archéologues du Département des Antiquités et par des missions étrangères, (britanniques, polonaises, italienne, australienne) ainsi que par l’Université de Chypre. C’est en 2008 qu’a été fondée la Mission archéologique française à Paphos (MafaP) avec le soutien du Ministère des Affaires Étrangères avec pour objectif d’étudier la fondation de Nea Paphos et son impact sur la société chypriote ainsi que l’évolution de la ville à l’époque romaine. À la demande du Département des Antiquités de Chypre, les travaux de la MafaP se sont concentrés sur la colline de Fabrika, qui domine la ville de Paphos au Nord-Est, demeurée hors du site archéologique protégé. Hormis le théâtre fouillé par l’Université de Sydney depuis 1995, ce plateau rocheux, nu ou recouvert par d’épais remblais, percé de carrières souterraines attribuées aux Ottomans, n’avait jamais été l’objet de fouilles programmées, bien qu’il présentât toutes les caractéristiques d’une acropole : si le sondage réalisé par Jean Bérard avait été décevant, l’inventaire archéologique et les premiers sondages conduits par la MafaP ont montré que la colline avait été occupée de l’époque hellénistique à la guerre d’Indépendance dans les années 1950. Les premières recherches conduites de 2008 à 2012 ont révélé que l’exceptionnel ensemble de carrières souterraines date en fait, comme le théâtre, des origines de la ville (c. 300 av. J.-C.)  et que la colline a servi de château d’eau : un réseau de canalisations a été mis au jour, ainsi qu’un aqueduc souterrain qui alimentait une grande citerne romaine. Cette citerne, comme le bâtiment à caractère résidentiel mis au jour au Nord de la colline, ont été réalisés lors de la phase de reconstruction de la ville après le séisme violent survenu à la fin du Ier s. av. J.-C. Ils ont été bâtis en remployant des éléments des édifices hellénistiques détruits, notamment des remparts dont le tracé et des vestiges ont été identifiés à l’Est et au Nord de la colline. De 2018 à 2022, un programme a été conduit en collaboration avec l’Université de Varsovie sur le temple identifié sur la colline et dans les espaces cultuels souterrains voisins. Les fouilles ont montré qu’ils ont été en usage de l’époque hellénistique au IIe siècle de notre ère. En dehors de la colline de Fabrika, les travaux de la MafaP se sont intéressés au sanctuaire rupestre d’Apollon Hylatès à l’Est de la ville et au secteur de la porte Nord-Ouest en avant de laquelle des bassins portuaires pourraient avoir été aménagés, à l’époque hellénistique, en même temps que l’enceinte. Cette observation est à l’origine du projet de recherche sur l’enceinte urbaine de Nea Paphos (programme n°6 du quinquennal 2022-2026 de l’EFA). Celui-ci a pour objectif de procéder au relevé précis du tracé de l’enceinte, d’ouvrir des sondages pour compléter ce tracé et préciser la datation des phases de construction, de restauration et d’abandon de ces fortifications et enfin permettre la publication des fouilles de sauvetage anciennes survenues sur tel ou tel rempart. L’ensemble des données rassemblées devrait contribuer à mieux appréhender l’histoire de la fondation et du développement de la Nouvelle Paphos et donner lieu à une monographie.
 


Bibliographie

Les travaux de la Mission française sur le site de Nea Paphos ont été l’objet de rapports au terme de chaque programme quadriennal du MAE dans la « Chronique d’Orient » des Dialogues d’Histoire Ancienne (ici et ici) et à l’avenir dans le Bulletin archéologique des EFE.


Quelques ouvrages de référence :

  • Franz-Georg Maier et Vassos Karageorghis, Paphos. History and archaeology, Nicosie, 1984
  • Jolanta Mlynarczyk, Nea Paphos III. Nea Paphos in the hellenistic period, Varsovie, 1990. 
  • Claire Balandier (éd.), Nea Paphos. Fondation et développement urbanistique d’une ville chypriote de l’antiquité à nos jours. Études archéologiques, historiques et patrimoniales, Actes du Colloque international, en collaboration avec le Département des Antiquités de Chypre, Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, 30 octobre-1er novembre 2012, éditions Ausonius, collection « Mémoires » n°43, Bordeaux, 2016.
  • Jean-Baptiste Cayla, Les inscriptions de Paphos. La cité chypriote sous la domination lagide et à l’époque impériale, TMO 74, 2018.
  • À paraître : Claire Balandier, Demetrios Michaelides, Eustathios Raptou (éd.), Nea Paphos et l’Ouest de Chypre/Nea Paphos and Western Cyprus. Actes du 2e colloque international sur Paphos tenu à Paphos, 11-15 Octobre 2017, organisé par le Département des Antiquités de Chypre, l’Université d’Avignon et l’Université de Chypre, « Mémoires », Ausonius Éditions, Bordeaux.