La ville de Philippes a été fondée en 356 av. J.-C. en Macédoine orientale par le roi Philippe II dans une région de peuplement thrace, mais où s’étaient installés des Grecs de Thasos. L’emplacement est stratégique, à l’Est du Pangée, entre une acropole très escarpée et un marais, seul endroit où peut passer la route qui relie la Macédoine aux régions situées plus à l’Est. C’est le tracé de la future via Egnatia. La ville hellénistique est très mal connue. Il en subsiste le tracé du rempart, celui de la trame urbaine, le théâtre, et un tombeau de type macédonien au cœur de la ville dont l’emplacement doit indiquer celui de l’agora. La bataille de l’automne 42 av. J.-C. qui a opposé à l’Ouest de la ville les Républicains romains aux Triumvirs a été pour elle un moment décisif. Les Romains y ont fondé une colonie où ils se sont durablement installés – les institutions sont romaines et les inscriptions officielles sont en latin. L’autre fait marquant, mais surtout après coup, est le passage en 49 ap. J.-C. de l’apôtre Paul, qui y fonde la première communauté chrétienne d’Europe. C’était une petite ville (surface enclose 68 ha, dont environ 40 seulement sont constructibles) où l’on ne connaît que deux périodes de floraison architecturale, dans le troisième quart du II^e s. ap. J.-C. et dans la première moitié du VI^e s., où se multiplient les églises. Le site a été abandonné vers la fin du VI^e s. ou le début du VII^e s., sans être réoccupé, à l’exception d’une petite reprise urbaine dans une partie de son quartier Ouest du X^e jusqu’au moins le XII^e s. Il s’agit donc d’une ville protobyzantine qui a largement remployé des constructions romaines plus anciennes, ce qui fait d’elle une des plus faciles à connaître des petites villes de cette époque.
 
La visite de Léon Heuzey et Honoré Daumet à Philippes en avril 1861 avait révélé l’intérêt du site. Les fouilles de l’EFA, commencées dès juin 1914, aussitôt interrompues par la guerre, ont repris en 1920. Elles ont d’abord porté sur le théâtre, les pentes de l’acropole (étude systématique des reliefs rupestres par Paul Collart), le rempart, la forteresse, la basilique B dont les ruines ont toujours été visibles, puis à partir de 1930 sur le centre de la ville : forum, basilique A, « maison aux fauves ». Elles ont été interrompues en 1937. La guerre a ensuite dispersé les fouilleurs. À partir de 1956, les archéologues grecs ont poursuivi l’exploration de la ville protobyzantine, principalement à l’Est du forum. Les fouilles de l’EFA ont repris à partir de 1977 pour mener à terme le travail commencé, à la « maison aux fauves », mais surtout au forum où l’étude est conduite par l’archéologue M. Sève et l’architecte P. Weber. Il consistait en deux terrasses séparées par un assez fort dénivelé de part et d’autre du decumanus maximus de la ville, la terrasse supérieure, où devait être construite par la suite la basilique A, sur les dernières pentes de l’acropole, la terrasse inférieure dans la plaine. Cette dernière est bordée par une rue sur laquelle ouvraient des boutiques et qui séparait le forum du marché sur lequel devait s’élever la basilique B. Il formait un isolat urbain puisque deux portes pouvaient barrer le decumanus maximus. On distingue dans cet ensemble unitaire trois états principaux, respectivement du milieu du i^er s. ap. J.-C., du troisième quart du ii^e s.et du début du vi^e s. avant un abandon un siècle plus tard.