Le laboratoire ethnographique

Responsable et contact :Polina Kosmadaki (Musée Benaki)

Institutions partenaires :

• École française d’Athènes
• Musée Benaki
• Musée du Quai Branly
• Centre d’études Helléniques de l’Université de Princeton

Le programme porte sur le concept de « primitif moderne » en histoire de l’art et vise à étudier de manière interdisciplinaire les pratiques et théories de l’entre-deux-guerres qui interprètent l’antiquité grecque et les arts dits « primitifs » ou « premiers » à partir d’un même système conceptuel, d’un même discours mis au point à l’époque. Il s’agit ici d’étudier les interactions entre l’art grec et les arts d’ailleurs, leur confrontation et leur mise en réseau, sous le prisme du modernisme, au-delà des frontières strictes entre art, archéologie et ethnographie.
Deux axes structurent ce programme de recherche : tout d’abord, l’étude des pratiques « curatoriales » comme l’album, la collection d’objets, le magazine d’avant-garde, l’exposition, où la méthodologie ethnographique interfère avec les débats critiques et esthétiques (dont témoignent des revues comme Cahiers d’Art, Documents, Minotaure, ou La Révolution Surréaliste) ; ensuite, l’analyse du discours qui fait de l’œuvre, de l’objet ouvré le témoin d’un usage, d’un fait social, d’une société. Il n’est pas indifférent de noter le développement simultané dans la première moitié du XXe s. de l’archéologie comparée et de l’ethnographie. La constitution des collections d’arts « primitifs » et la prise en charge par l’archéologie de tout matériel issu des fouilles et non plus seulement des inscriptions et des beaux objets, rendent nécessaire l’élaboration des cadres épistémologiques qui font de ce monde matériel des documents qu’il faut collecter suivant des règles, interpréter suivant des schémas et exposer suivant des principes.
Avec cette double perspective, le programme entend interroger les recherches académiques, les propositions théoriques, les manifestes critiques de l’époque. L’ethnographie semble avoir été le lieu privilégié de ce débat, en un laboratoire où idées, études et déclarations se sont affrontées. De ce débat et de cette confrontation, l’histoire de l’art grec est sortie renouvelée ou réactualisée.