Pix Illyrica. L’exploitation du bitume en Albanie du Sud de l’Antiquité à nos jours

Responsables : G. de Rapper, F. Quantin
Contact : François Quantin (EPHE)

Institutions partenaires :

  • École française d’Athènes
  • École pratique des hautes-études

Le projet Pix Illyrica est soutenu par l’ANR de 2021 à 2024.
Voir les publications dans HAL.


Ce projet porte sur l’exploitation des gisements de bitume du sud de l’Albanie et en propose une approche transhistorique et transdisciplinaire. Il repose sur une double hypothèse et se fixe un double objectif : nous considérons d’une part que cette ressource naturelle a façonné sur la longue durée la région d’où elle est extraite et nous chercherons à expliquer dans quelle mesure son mode d’exploitation, ses usages et sa circulation ont affecté la société environnante (structures foncières, relations intercommunautaires, croyances et pratiques religieuses, paysage et état sanitaire de la population) ; nous considérons d’autre part que l’« objet » bitume se prête à une approche interdisciplinaire et nous proposons d’en faire un observatoire de la mise en œuvre de la collaboration entre disciplines (archéologie, histoire, géologie, anthropologie, géographie) en réfléchissant à la façon dont chaque discipline impliquée contribue à construire cet objet et, en retour, est affectée par lui.

Le projet est scientifiquement organisé autour de quatre thèmes :

  • Dimension matérielle et technologique. La matière bitume étant au centre du projet, il s’agit, par des analyses et études chimiques et physiques, présentes ou passées, d’étudier les différents types de produits extraits, leurs qualités, les possibilités et technique d’extraction ; la localisation, l’étendue et le type de gisements ; les types de transformations (sur place ou au loin – par exemple, Marseille, Bari, etc.) et les usages de ces produits, ainsi que leur conditionnement. On s’interrogera aussi sur les autres matériaux et objets nécessaires à la chaîne de production et de transports.
  • Dimension matérielle et technologique. La matière bitume étant au centre du projet, il s’agit, par des analyses et études chimiques et physiques, présentes ou passées, d’étudier les différents types de produits extraits, leurs qualités, les possibilités et technique d’extraction ; la localisation, l’étendue et le type de gisements ; les types de transformations et les usages de ces produits, ainsi que leur conditionnement. On s’interrogera aussi sur les autres matériaux et objets nécessaires à la chaîne de production et de transports.
  • Savoirs et croyances. Dans l’Antiquité, le gisement de bitume était associé à un sanctuaire situé au sud de la colonie grecque d’Apollonia d’Illyrie fondée par Corinthe dans le dernier quart du VIIe siècle av. J.-C. Ce sanctuaire des Nymphes, qui était aussi un gisement de bitume exploité dès l’Antiquité et où brûlait en permanence une flamme visible de loin dans le paysage, était la source d’un oracle singulier, mais sa situation exacte reste à découvrir. Il s’agit aussi de se pencher sur l’évolution des savoirs techniques et commerciaux, depuis l’Antiquité jusqu’aux études scientifiques, à partir de la fin du XVIIIe siècle.
  • Territoires, espaces, paysages. Cette dimension concerne le territoire utilisé et mobilisé suivant les époques pour l’extraction du bitume. On portera attention au lien avec les questions foncières, la mine étant située à l’époque ottomane dans un domaine impérial, devenu ensuite une ferme d’État au XXe siècle. Le système de concession instauré dans la seconde moitié du XIXe siècle pose également la question de la souveraineté. À un niveau régional, il conviendra donc aussi d’analyser l’articulation avec l’espace agro-sylvo-pastoral, ainsi que l’impact sur les paysages et l’environnement.