
Les temples d’Apollon à Delphes | NAAOS3D
(Nouvelles Applications en Archéologie mises en Œuvre dans un Système d’informations référencées en 3d à Delphes)
Responsable & contact : Vincent Baillet (Archéosciences Bordeaux)
Sites web :
Équipe scientifique :
- Vincent Baillet Archéosciences Bordeaux, Postdoctorat en Archéologie du numérique
- Rémy Chapoulie Archéosciences Bordeaux, et Responsable plateforme Archeovision
- Bruno Dutailly Ingénieur d’études en informatique
- Pascal Mora Archeovision Production, Ingénieur 3D
- Aurélie Mounier Archéosciences Bordeaux, Ingénieure de Recherche en Archéométrie
Collaborateurs :
- Marie Beurton-Aimar Maître de conférences en traitement et analyse de données (Laboratoire bordelais de recherche en informatique, LABRI UMR 5800)
- Xavier Granier Professeur des Universités en Informatique (Laboratoire photonique, numérique et nanosciences, LP2N UMR 5298)
- Delphine Lacanette Professeur des Universités en Mécanique des fluides (Institut de mécanique et d’ingénierie, I2M, UMR 5295).
- Didier Laroche Architecte (ENSAS, Strasbourg)
- Sarah Petitcolas Ingénieure d’études en Archéométrie (Archéosciences Bordeaux UMR 6034)
- Colette Siriex Professeur des Universités Géophysique (Institut de mécanique et d’ingénierie, I2M, UMR 5295)
Institutions et partenaires :
- Université de Bordeaux Montaigne
- Université de Bordeaux
- Fédération des Sciences Archéologiques de Bordeaux
- Archeovision, plateforme technologique d’Archéosciences Bordeaux UMR 6034
- I2M, UMR 5295
- LP2N UMR 5298
- LABRI UMR 5800
- Centre National de la Recherche Scientifique
Cofinancements :
- Département des Sciences Archéologiques de Bordeaux.
- Grand Programme de Recherche « Human Past »
- Recherche Interdisciplinaire et Exploratoire de l’Université de Bordeaux
Le temple d’Apollon, demeure du dieu comme tout autre temple est aussi constitué du « saint des saints », l’adyton destiné à l’accueil des Grecs souhaitant interroger la prophétesse qui rend l’oracle auprès des hommes et qui a fait durant des siècles la renommée de Delphes.
Pausanias nous rappelle une tradition importante, selon laquelle quatre temples d’Apollon avaient précédé celui qu’il a vu au IIe siècle de notre ère. Le premier aurait été une cabane faite de branches de laurier apportées de la vallée de Tempé. Le second était fait de cire et de plumes par des abeilles, le troisième de bronze, œuvre peut-être d’Héphaïstos. Enfin, le quatrième en pierre.
La redécouverte du monument sur le village de Kastri en 1893 entreprise grâce aux fouilles archéologiques a permis d’identifier au moins 3 temples en pierre. Du premier temple en pierre inaugural que l’on date au début du VIe siècle a. C, il ne reste que très peu de vestiges. Ceux qui nous sont connus furent remployés dans la fontaine située au sud du temple, ainsi que dans l’élévation du mur de soutènement de la terrasse du temple. Cet édifice vraisemblablement de petites dimensions, a été abordé par les travaux de F. Courby en 1917, mais depuis aucune étude ne s’est penché sur cette construction pour tenter de la restituer.
Un deuxième temple plus prestigieux s’est inscrit dans un programme d’agrandissement et une réorganisation complète du sanctuaire suite à l’incendie du temple inaugural autour de 548/547 avant notre ère. Cet édifice – financé la famille des Alcméonides – fut achevé en 510 avant notre ère. De cette construction, nous disposons de nombreux blocs remployés sur tout le sanctuaire d’Apollon et malgré la qualité de l’étude de F. Courby, plus d’un siècle plus tard, il reste encore beaucoup à faire pour restituer de manière fidèle de nombreux aspects de cet édifice : l’élévation, les frontons sculptés ou encore la polychromie qui était particulièrement riche sur l’édifice sacré.
Enfin, le temple des Alcméonides sera détruit en 373 amenant l’amphictionie de Delphes à reprendre des travaux de reconstruction de l’édifice, dont l’achèvement se situe entre 370-330 a. C. Cette demeure sacrée s’inscrit dans une phase de construction intense dans le sanctuaire au cours du IVe siècle. Il présente de nombreux points communs avec des temples péloponnésiens contemporains (Épidaure, Némée et surtout Tégée) : rigueur géométrique, utilisation du tuf corinthien, présence d’une rampe en façade. C’est ce temple qui a largement suscité l’intérêt des archéologues, avec une dernière étude publiée par P. Amandry et E. Hansen en 2010. Les travaux remarquables de nos prédécesseurs ont permis de faire progresser largement notre connaissance du temple du IVe siècle, néanmoins il reste toujours des questions en suspens dont : les proportions générales de l’édifice, l’organisation du siège de l’oracle, ou encore la polychromie architecturale.
Depuis juillet 2022, l’étude en cours se focalise sur deux principaux volets de recherche : le premier entend résoudre certains points d’achoppement concernant l’architecture et l’apparence des temples qui se sont succédé sur la terrasse d’Apollon. L’approche retenue consiste à utiliser les acquis des précédentes études pour opérer des essais de restitution (anastylose numérique) qui sont de nature à renouveler notre perception des proportions générales des édifices sacrés (exemple des colonnes de la péristasis du temple du IVe siècle avant notre ère), l’espace intérieur dédié à l’oracle (adyton) ou encore les parures polychromiques par la détection fine des matières colorantes qui ont orné certains blocs architecturaux.
Le second volet du programme vise à progresser dans la restitution des temples par l’observation des structures directement liées. Il est ainsi question de rattacher l’architecture des temples avec l’environnement archéologique delphique le plus proche, afin d’appréhender certaines fonctions essentielles utiles pour affiner notre compréhension des temples : gestion de l’eau pour les rites oraculaires par l’étude de la fontaine des Muses {SD332} ; le rôle de la lumière « sacrée » à travers le foyer perpétuel d’Hestia pendant la consultation oraculaire ; ou encore l’influence du temple dans la mise en scène de l’espace sacré en lien avec la gestion des foules, lors des événements en l’honneur des divinités.
Enfin, ce projet entend également contribuer plus largement aux humanités numériques avec la création d’un système d’informations référencées en 3D (SIR3D) à destination des chercheurs de l’EFA et de l’éphorie des Antiquités de Phocide. Il s’agit de répondre aux défis que représentent la collecte, la conservation et la valorisation des données archéologiques produites par la communauté scientifique qui apparaissent comme très hétérogènes (carnets de fouilles, publications, photographies, données 3D, relevés architecturaux), depuis la découverte du monument en 1893. De plus, toutes les recherches sur ces monuments n’ont jamais pu être rassemblées ni mises en relation au sein d’un même corpus.
Dans un contexte, où la science favorise une ouverture plus large des savoirs utiles à la recherche et à la formation, il paraît opportun de développer un système référencé en 3D, comme une solution innovante qui répond aux défis de la matérialisation d’une synthèse de l’état de nos connaissances sur les temples d’Apollon à Delphes. Cet écosystème numérique aura pour enjeu de rassembler et surtout d’organiser toutes les données acquises dans un environnement 3D unique, afin de les rendre accessibles, pérennes, utilisables et interrogeables.
