Nouvelles recherches sur l’architecture et le mobilier dans le secteur de l’Agora de Malia | 01-14 septembre 2024
La première campagne d’étude du matériel du secteur de l’Agora de Malia s’est déroulée du 1er au 14 septembre 2024, sous la direction de Bastien Rueff, en collaboration avec Roxane Dubois (céramologue). Cette mission a abouti à l’inventaire détaillé des objets issus des fouilles de ce secteur menées dans les années 1960 par Henri Van Effenterre. Elle a notamment permis de mieux comprendre la logique qui a présidé au stockage des trouvailles dans l’apothèque, d’identifier les axes prioritaires de recherche pour les prochaines années et d’amorcer le processus d’étude, de catalogage et de documentation du matériel des fouilles anciennes, en grande partie inédit.

L’étude s’est concentrée sur la zone nord de l’Agora, et plus spécifiquement sur le bâtiment K δ ainsi que trois voies (« Rue Traversière », « Voie des Nécropoles », « Chaussée γ ») entourant une placette dallée. Ce choix s’est fondé sur la présence d’un matériel protopalatial relativement homogène, illustrant notamment une phase encore peu documentée à Malia : le Minoen Moyen IB. La réévaluation de la céramique se justifie particulièrement par les avancées significatives dans la compréhension des phases céramiques à Malia, depuis les années 1960. Ces progrès incluent la reconnaissance du MM IIB comme une phase majeure, notamment avec le Quartier Mu, la mise en évidence de l’occupation post-palatiale du site, illustrée par le Quartier Nu, ainsi qu’une meilleure différenciation des phases du MM IIIA au MR IA dans le secteur Pi et les Abords Nord-Est, entre autres.
Ce besoin de réévaluer le phasage chronologique s’étend également à l’architecture. Bien qu’Henri Van Effenterre ait reconnu l’existence de plusieurs phases architecturales, il n’a jamais réalisé d’analyse approfondie à ce sujet, et n’a pas proposé de datation précise concernant l’aménagement de la cour à orthostates et des bâtiments environnants. Son étude s’est concentrée sur la fonction du site, qu’il interprète comme un « centre politique », siège d’une « assemblée populaire » destinée à contrebalancer l’influence du palais voisin. Ainsi, à l’issue de ses travaux, le secteur de l’Agora reste perçu comme un complexe homogène et unitaire, plutôt que comme un palimpseste témoignant de l’évolution continue du cœur de la ville minoenne sur le long terme.
La combinaison de l’analyse des archives, de la monographie, du matériel et des premières observations architecturales sur le terrain a permis de soulever des questions fondamentales pour la compréhension du secteur. Ces éléments ouvrent la voie à une réévaluation complète du rôle et de l’histoire de l’Agora, dans le cadre d’une nouvelle phase de recherche que nous souhaitons poursuivre.