11. Amathonte – Le territoire


L’exploration systématique de l’arrière-pays d’Amathonte a été conduite dans le cadre d’une prospection couvrant le territoire des communes actuelles d’Agios Tychonas, Armenochori, Parekklisha et Pyrgos, soit, en tout, une surface de 2 700 ha. Les résultats de cette étude ont grandement renouvelé notre connaissance du territoire d’Amathonte et ont également mis en lumière les premières traces d’activité humaine sur l’île, au IXe millénaire av. J.-C. Les fouilles menées sur les sites de Shillourokambos (1991-2004) et de Klimonas (depuis 2011) ont eu un écho remarquable grâce à la découverte des plus anciens habitats connus à Chypre.

Carte des sites reperés par la prospection (Ch. Petit-Aupert, P. Aupert / Archives EFA, 21301)
Carte des sites reperés par la prospection (Ch. Petit-Aupert, P. Aupert / Archives EFA, 21301)

Si les périodes successives (Chalcolithique et âge du Bronze) sont peu documentées, les campagnes amathousiennes commencent à être de nouveau peuplées à partir de l’époque géométrique. La densité d’occupation est particulièrement importante à la période hellénistique. Ce n’est qu’à l’époque paléochrétienne que le territoire d’Amathonte connaît à nouveau une telle apogée. Les sites repérés sont liés, d’un côté, à l’exploitation agricole (fermes, silos, citernes), et de l’autre à des activités extractives (carrières de calcaire, mines). Ils côtoient parfois des nécropoles et des sanctuaires, indices de l’existence d’habitats à proximité.

Agios Tychonas-Asvestoton, bâtiment d’époque paléochrétienne (E. Dantec)
Agios Tychonas-Asvestoton, bâtiment d’époque paléochrétienne (E. Dantec)

Aux alentours de la ville d’Amathonte, plusieurs éléments ont contribué à mieux définir les relations entre le noyau urbain et son environnement, notamment en ce qui concerne l’extension des nécropoles, le réseau hydraulique et la localisation de quelques sanctuaires péri-urbains. Parmi ces derniers, celui d’Agios Tychonas-Asvestoton, repéré grâce à des fragments de figurines en terre cuite de type phénicien, a fait l’objet d’une fouille ciblée en 2008. À défaut de localiser précisément le sanctuaire, la fouille a mis au jour une installation d’époque paléochrétienne dont le dégagement a été complété l’année suivante. Sa nature échappe pour le moment à toute interprétation : habitation, édifice religieux ou, plus probablement, installation agricole ? Le bâtiment, composé de cinq pièces et couvrant une surface d’environ 170 m2, a été sans doute abandonné sans précipitation, comme le montre le peu de matériel recueilli, au moment des incursions arabes au milieu du VIIe s. apr. J.-C.

A. Cannavò