Appel à communications- Atelier Femmes et institutions archéologiques

Veronika Mitsopoulos-Leon dans la bibliothèque de l’Institut autrichien d’archéologie à Athènes, près d’un portrait de l’empereur François Joseph Ier, qui a financé la construction du bâtiment de l’institut (années 1990, archives privées Mitsopoulos).

2nd atelier sur les femmes dans l’archéologie de la Grèce

Femmes et institutions archéologiques

Dates : 13 mars 2024

Lieux : Österreichisches Archäologisches Institut, Athènes

Organisé par l’École française d’Athènes (EFA) et l’Österreichisches Archäologisches Institut (ÖAI) | M. Bastide, B. Eder, O. Boubounelle, S. Déderix, M. Noussis, P. Ralli

Date limite d’envoi : 25 janvier 2024

Contact : maguelone.bastide@efa.gr

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L’édition 2024 de la journée d’étude sur les femmes dans l’archéologie de la Grèce mettra l’accent sur le rôle des institutions – services archéologiques, universités, centres de recherche, écoles étrangères – dans l’évolution de leur carrière, afin de rendre hommage au parcours exceptionnel de Veronika Mitsopoulos-Leon (1936-2023), directrice de l’Institut autrichien d’archéologie à Athènes de 1964 à 2001.

Les communications présentées lors de la première journée d’étude[i] ont mis en évidence différents modes d’inclusion et d’exclusion des femmes dans le milieu professionnel de l’archéologie, ainsi qu’une grande variété de réponses apportées par ces dernières aux obstacles rencontrés. Ces dynamiques sont particulièrement visibles dans le cadre institutionnel. Au début du XXe siècle, plusieurs instituts étrangers ont ouvert leurs portes à quelques étudiantes en leur imposant, cependant, des restrictions. C’est le cas de l’ASCSA qui, dès la fin du XIXe siècle, a accueilli des boursières tout en les excluant des chantiers de fouille[ii], dans un premier temps, avant de les cantonner aux études de mobilier et à la gestion des réserves[iii] – l’équivalent dans la profession du travail domestique. À l’École italienne, tout comme à l’ASCSA d’ailleurs, les restrictions en matière de voyage et de travaux de terrain tenaient plus de pratiques implicites que de règles explicites, ajoutant à l’incertitude et la vulnérabilité des jeunes chercheuses qui ne pouvaient anticiper la réaction de leur hiérarchie[iv].

D’autres institutions ont témoigné d’une opposition tenace à l’égard des femmes archéologues, à l’instar de l’École française d’Athènes qui est longtemps restée réticente à la présence de jeunes antiquisantes sur ses chantiers[v] et à leur recrutement comme membres. Ce n’est en effet qu’en 1956 que l’EFA a accueilli sa première membre française et, bien que le nombre de femmes recrutées ait augmenté à partir des années 1970, la parité n’a été atteinte que dans les années 1990[vi].

De leur côté, certaines archéologues grecques sont assez tôt parvenues à tirer parti de leur assignation au « travail domestique archéologique » en s’imposant à la tête de collections nationales[vii]. Cependant, leurs acquis se sont révélés fragiles face aux évènements politiques et les femmes se sont vues interdites d’intégrer le Service Archéologique entre 1939 et 1955 suite à une loi promulguée par le régime dictatorial du 4 août[viii]. À l’inverse, en Pologne, l’idéologie communiste de l’après-guerre a permis aux femmes d’accéder moins difficilement aux postes universitaires[ix]. Les conditions politiques ont donc évidemment affecté les pionnières de manière différente en fonction de leur nationalité. En revanche, toutes ont affronté des difficultés similaires pour combiner vie privée et vie professionnelle : certaines ont cessé les travaux de terrain après leur mariage, tandis que les autres ont opté pour un mode de vie non-conformiste qui les a exposées à de violentes critiques de la part de leurs collègues[x].

Au final, l’intégration des femmes dans les institutions archéologiques en Grèce durant la première moitié du XXe siècle doit beaucoup à leur audace, leur ténacité et leur résilience. Leurs successeuses ont éprouvé moins de difficultés à pousser les portes des institutions étrangères (après la Seconde guerre mondiale) et des services archéologiques grecs (en particulier à partir des années 1980), mais la féminisation de la profession au cours des quatre dernières décennies va de pair avec sa relative perte de prestige sa relative perte de prestige et dans la précarité économique qui l’accompagne[xi]. Les carrières au sein des Éphories relèvent ainsi souvent du dévouement et impliquent toujours une grande ténacité[xii], tandis que le milieu universitaire grec reste majoritairement masculin bien que certaines femmes parviennent à s’y frayer un chemin[xiii].

L’édition 2024 de la journée d’étude sur les femmes dans l’archéologie de la Grèce vise à approfondir ces différents aspects des obstacles ou opportunités institutionnelles rencontrées par les femmes selon les axes suivants :

  • le caractère officiel ou officieux de la réticence des institutions (universités, éphories, musées et centres de recherches grecs, et instituts étrangers) ;
  • le rôle de tremplin – ou non – de certaines institutions pour les carrières des jeunes archéologues, notamment en matière de financement ;
  • les différentes stratégies adoptées par les femmes pour mener à bien leur carrière.

Les propositions de communication (20 minutes, en grec, français, anglais ou allemand, 500 mots maximum) peuvent être envoyées à maguelone.bastide@efa.gr jusqu’au 15 janvier 2024. Les actes de la journée d’étude seront publiés en anglais, les articles définitifs sont attendus dans cette langue au mois de mai 2024.


[i] Déderix S., Ralli P. & Bastide M. (dir.), Unsung pioneer women in the Archaeology of Greece, under review.
[ii] Bolger D.L., « Ladies of the Expedition: Harriet Boyd Hawes and Edith Hall in Mediterranean Archaeology », in C. Claassen (dir.), Women in archaeology, 1994, p. 44.
[iii] Banks J.M., « Alice Leslie Walker Kosmopoulos: A pioneer against all odds », in Déderix S., Ralli P. & Bastide M. (dir.), under review.
[iv] Bossolino I., « “Manca completamente il senso della disciplina”: Maria Luigia Marella, an independent archaeologist in fascist Dodecanese », in Déderix S., Ralli P. & Bastide M. (dir.), under review.
[v] Déderix S., « Marthe Oulié and the 1923-1925 excavations of the École française d’Athènes at Malia », in Déderix S., Ralli P. & Bastide M. (dir.), under review.
[vi] Valenti C., « Les Membres de l’École Française d’Athènes: étude d’une élite universitaire, 1846-1970 », BCH 120(1), 1996, p. 162.
[vii] Evgenidou D., « Eirene Varouha-Christodoulopoulou. The life’s journey of the first Greek woman numismatist », in Déderix S., Ralli P. & Bastide M. (dir.), under review; Fragoulopoulou S., « Becoming Visible at Work: Semni Papaspyridi-Karouzou at the National Archaeological Museum of Athens (1921-1939) », in Déderix S., Ralli P. & Bastide M. (dir.), under review.
[viii] Kokkinidou D. et M. Nikolaidou, « From the museum to the trench and beyond: Greek women in archaeology since the 1950s », in Déderix S., Ralli P. & Bastide M. (dir.), under review; Vassi O., « In the “far west” of the Greek countryside: Spyridoula Konstantinou Alexandropoulou, special curator of antiquities of Aetoloakarnania », in Déderix S., Ralli P. & Bastide M. (dir.), under review.
[ix] Ulanowska A. et K. Lewartowski, « The first post-World War II generation of female archaeologists at the University of Warsaw: Ludwika Press and the gendered and non-gendered challenges to becoming an Aegeanist within the confines of Marxist ideology and the Iron Curtain », in Déderix S., Ralli P. & Bastide M. (dir.), under review.
[x] Banks J.M., « Alice Leslie Walker Kosmopoulos: A pioneer against all odds », in S. Déderix, P. Ralli et M. Bastide (dir.), under review; Vogeikoff-Brogan N. et L. Costaki, « Hazel D. Hansen : A Forgotten American Prehistorian », in S. Déderix, P. Ralli et M. Bastide (dir.), under review.
[xi] Kokkinidou D. et M. Nikolaidou, « From the museum to the trench and beyond: Greek women in archaeology since the 1950s », in Déderix S., Ralli P. & Bastide M. (dir.), under review.
[xii] Kokkinidou D. et M. Nikolaidou, « From the museum to the trench and beyond: Greek women in archaeology since the 1950s », in Déderix S., Ralli P. & Bastide M. (dir.), under review; Vassi O., « In the “far west” of the Greek countryside: Spyridoula Konstantinou Alexandropoulou, special curator of antiquities of Aetoloakarnania », in Déderix S., Ralli P. & Bastide M. (dir.), under review.
[xiii] Nikolaidou M. et D. Kokkinidou, « Angeliki Pilali-Papasteriou (1945-2007): A pioneer prehistorian at the University Of Thessaloniki », in S. Déderix, P. Ralli et M. Bastide (dir.), under review.