Appel à communications- Les nouvelles vies des divinités grecques en Europe

Les nouvelles vies des divinités grecques en Europe : Figurations textuelles et visuelles du XIVe au XXe siècle

Dates : Vendredi 15 novembre 2024

Lieu: École française d’Athènes

Organisé par le projet ERC AGRELITA et l’École française d’Athènes (EFA)

Deadline for submission: 15 mai 2024

Contact : catherine-bougassas@orange.fr | catherine.gaullier-bougassas@unicaen.fr

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Visuel : Neptune, Libre des échecs amoureux moralisés, Evrard de Conty, BnF, fr. 9197, fol. 154, source BnF

Dans son ouvrage célèbre, La survivance des dieux antiques, 1939, Jean Seznec a démontré que la connaissance des dieux grecs n’a pas disparu durant le Moyen Âge et ainsi mis en question l’opposition souvent tracée entre Moyen Âge et Renaissance en Europe occidentale : « L’Antiquité païenne, loin de « re-naître » dans l’Italie du XVe siècle, avait survécu dans la culture et dans l’art médiéval ; les dieux eux-mêmes ne ressuscitent pas ; car jamais ils n’ont disparu de la mémoire et de l’imagination des hommes[1]. » Il a étudié comment au Moyen Âge, les dieux grecs, qui portent alors souvent leurs noms latins, ont survécu grâce aux idées qu’ils ont incarnées et grâce à trois grandes lignes d’interprétation, en grande partie hérités de l’Antiquité – l’explication évhémériste, l’explication physique et astrologique, l’explication allégorique, morale et religieuse. Il a aussi analysé comment, dans le même temps, leurs formes se sont transformées, avec des métamorphoses étonnantes, puis un retour à l’antique à la Renaissance. Dans la littérature latine, de nouveaux ouvrages mythographiques ont en effet été écrits du Ve au XIIIe siècle, à commencer par ceux de Fulgence et des trois mythographes du Vatican, et à partir du début du XIVe siècle, les évocations des divinités païennes se multiplient, tant dans des ouvrages latins, l’Africa de Pétrarque, les Genealogie deorum gentilium de Boccace ou le De formis figurisque deorum de Pierre Bersuire, que des œuvres écrites dans les langues romanes. Les divinités païennes grecques ou gréco-latines entrent alors dans des univers textuels divers, des histoires universelles et des chroniques nombreuses, des traductions, des œuvres historico-romanesques, des romans, des ouvrages didactiques au contenu divers, des œuvres poétiques, des épopées, de nouvelles traductions des textes antiques, des livres d’emblèmes, des traités mythographiques, des traités spécifiquement consacrés aux dieux antiques… Ces divinités païennes sont dans le même temps aussi présentes dans les textes byzantins et post-byzantins.

Les très nombreux textes où ces divinités apparaissent, avec les illustrations des manuscrits et des imprimés, leur donnent une nouvelle vie plus encore qu’une survie, ou plus exactement de nouvelles vies. Elles sont en effet représentées dans de multiples formes d’écritures et dans des univers tout aussi multiples, dont certains sont éloignés du monde antique. Les transformations de leurs formes par rapport aux traditions antiques, très variées mais non toujours présentes, accompagnent leur intégration dans ces contextes divers.

Dans le même temps, le nouvel intérêt pour les vestiges antiques depuis le XIVe siècle, la réalisation de descriptions, de collections, puis les fouilles de sites antiques et leurs découvertes aux siècles suivants ont conduit à de nouvelles formes de représentation et de compréhension des divinités grecques.

Les journées seront consacrées à des analyses sur les multiplicités des représentations, des interprétations et des exploitations de ces divinités antiques durant les siècles considérés, dans un mélange de permanences et de renouvellement, de répétition et de variation, de continuité et d’innovation. Elles permettront ainsi de prolonger les recherches sur les modalités et les raisons d’une présence démultipliée des divinités antiques : Pourquoi insuffler une nouvelle actualité à leur mémoire, pourquoi et comment leur redonner une telle présence, leur rendre vie ?

Les propositions porteront sur les questions suivantes, qui n’épuisent pas le champ des possibles :

  • Les représentations textuelles des divinités grecques, les formes d’écriture – description, récit, commentaire – déployées à leur sujet
  • De la traduction et de la compilation à l’adaptation et à l’invention : circulation des savoirs, reconfigurations des savoirs
  • Les redécouvertes de représentations antiques (statuaire et autres arts visuels) : nouveaux regards et nouvelles compréhensions des divinités grecques.
  • Les contextes littéraires et artistiques dans lesquels les auteurs et les artistes élaborent les images de ces divinités
  • Les contextes culturels, politiques, les débats dans lesquels ils s’emparent de ces divinités
  • Les interprétations de ces divinités et les finalités diverses de leurs évocations – finalités politiques, éthiques, religieuses, scientifiques, poétiques…
  • Les représentations visuelles de ces divinités dans les manuscrits puis les imprimés : leurs figurations et leurs significations, leurs liens avec les autres formes de représentations artistiques qui leur sont consacrées
  • Les liens entre textes et images dans les manuscrits et les imprimés
  • L’appropriation actualisante/anachronique ou au contraire le regard sur l’Antiquité et son altérité dont les images textuelles et visuelles de ces divinités témoignent
  • La circulation, la réception et la transformation des représentations du XIIe au XXe siècle : la transmission et le renouvellement de la mémoire de ces divinités
  • La transposition de ces divinités dans de nouveaux univers

[1] Jean Seznec, La survivance des dieux antiques. Essai sur le rôle de la tradition mythologique dans l’humanisme et dans l’art de la Renaissance, Paris, Flammarion, 1993, préface de la seconde édition, p. 11.

Publication

Les articles issus des contributions seront publiés chez Brepols dans la collection « Recherches sur les Réceptions de l’Antiquité ».

Modalités

Les propositions (titre et résumé de 200-300 mots)sont à adresser avant le 15 mai 2024 à Catherine Gaullier-Bougassas aux adresses suivantes :

catherine-bougassas@orange.fr & catherine.gaullier-bougassas@unicaen.fr

Un accord de principe avant cette date faciliterait l’organisation.