Campagne d’étude Malia 2018

 

Palais de Malia – Campagne d’étude
29 avril – 31 mai 2018

 

La campagne d’étude du palais de Malia a porté en mai 2018 d’une part sur la préparation de la publication des sondages menés par O. Pelon sous les pièces au Nord de la Cour Centrale et d’autre part sur l’étude d’un dépôt de nodules bruts d’obsidienne mis au jour au début du XXe siècle dans des niveaux protopalatiaux de l’édifice. La campagne était dirigée par M. Devolder (Gerda Henkel Foundation, AEGIS/UCLouvain), en collaboration avec I. Caloi (Université Ca’ Foscari de Venise) et T. Carter (McMaster University), et avec l’aide de R. Dubois, L. Perotti, V. Papazikou, B. Konnemann et D. Mihailović. Cette campagne a bénéficié du soutien de l’EFA, de la Fondation Gerda Henkel, de l’INSTAP, et du Mediterranean Archaeological Trust.
 
Les travaux se sont d’abord concentrés sur l’étude architecturale et stratigraphique des pièces situées au Nord de la Cour Centrale du palais de Malia. Explorées en 1924 et 1925 par Fernand Chapouthier et René Joly, ces pièces avaient fait l’objet de sondages stratigraphiques menés en 1978, 1985, 1988, 1990 et 1992 par O. Pelon et publiés de manière plus ou moins détaillée selon les zones explorées et l’importance des découvertes alors réalisées. L’objectif de la campagne d’étude était de travailler à la publication finale des résultats issus des sondages menés par O. Pelon, en se fondant sur les données fournies par les carnets de fouilles et sur la documentation graphique accumulée par le fouilleur et son équipe. Celle-ci a permis de produire la séquence stratigraphique de l’occupation dans cette partie du palais, et de revoir ainsi le matériel céramique permettant de dater cette séquence. On souhaitait plus particulièrement répondre aux objectifs suivants : dater et caractériser la nature et la succession de l’occupation prépalatiale sous les pièces au Nord de la Cour Centrale ; dater la mise en place du remblai qui supporte le premier état du palais ; définir les traits architecturaux de l’état protopalatial des pièces au nord de la Cour Centrale ; caractériser les états associés à l’occupation néopalatiale dans ces pièces ; et dater et définir les causes de leur destruction finale.


 
Plan du palais de Malia (d’après le plan dressé par E. Andersen), avec en grisé les pièces étudiées en mai 2018, et étude et dessin du matériel céramique (cl. R. Dubois)

Parallèlement à ces recherches et grâce au soutien du Mediterranean Archaeological Trust, on a pu mener l’étude d’un dépôt de 163 nodules d’obsidiennes mis au jour en 1928 et 1930 dans la pièce m de la partie nord-ouest du palais de Malia et daté de la période protopalatiale. Malgré la concentration unique d’un tel nombre de nodules d’obsidiennes, ce dépôt n’était que rarement évoqué dans la littérature archéologique minoenne. La reprise de son étude visait à affiner notre connaissance des activités de production au sein du premier palais de Malia, à évaluer l’implication de cet édifice dans l’acquisition de matières premières issues de sources distantes de la Crète (l’île de Mélos et, dans une moindre mesure, celle de Gyali), et à l’insérer dans un réseau de distribution local et régional de nodules d’obsidiennes déjà transformés. En effet, les recherches précédentes menées par T. Carter à Malia ont mis l’accent sur le fait que les éléments en obsidienne découverts dans des contextes – domestiques ou artisanaux – en dehors du palais n’étaient plus bruts mais disposaient déjà d’un plan de pression. Il s’agira donc de déterminer si, en plus d’acquérir les nodules bruts, le palais assurait déjà la préparation de la matière première avant que celle-ci ne soit distribuée ailleurs à Malia voire au-delà de l’établissement minoen.

   
Étude et dessin d’éléments en obsidienne issus d’un dépôt découvert dans la partie nord-ouest du palais de Malia (cl. R. Dubois, dessin D. Mihailović)