Les fortifications de Delphes

Responsables : Nicolas Kyriakidis, Platon Pétridis & Stéphanie Zugmeyer

Contact : Nicolas Kyriakidis (Université Paris 8/ArScAn)

Carnet Hypothèses du programme

Les fortifications de Delphes sur Archéologie culture


À peine citées dans les sources antiques, très peu étudiées par les archéologues, les fortifications de Delphes paraissaient devoir rester dans l’ombre du sanctuaire. Les fouilles récentes ont permis pourtant de renouveler profondément nos connaissances, non seulement sur les murs qui ont défendu Delphes à certains moments de son histoire, mais aussi sur l’histoire du site dans son ensemble.
Dans le cadre du programme de recherche « Fortifications de Phocide et de Locride » soutenu par le Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères et par l’École Française d’Athènes, les archéologues étudient depuis 2013 le secteur des fortifications de Delphes. L’étude a permis d’identifier le tracé du rempart du milieu du IVe siècle av. J.-C., que l’on peut attribuer au général phocidien Philomélos, qui s’empara de Delphes et fortifia le site pour empêcher des peuples voisins hostiles de venir disputer le contrôle du sanctuaire aux Phocidiens. S’il en reste très peu de vestiges et que les fortifications furent ensuite rapidement abandonnées, les fouilles permettent néanmoins de mettre en évidence l’ampleur des travaux qui furent alors réalisés.
L’Antiquité tardive (IVe – VIe s. ap. J.-C) voit la construction d’une nouvelle enceinte urbaine dont l’importance était restée inconnue des savants modernes. Plusieurs centaines de mètres de ce rempart ainsi que deux de ses portes ont été mis au jour. La fouille a livré également les vestiges d’un nouveau quartier d’habitation et révélé plusieurs nécropoles aux extrémités ouest et est de la ville. Au VIe s. et au début du VIIe s. de notre ère, la ville de Delphes, désormais christianisée, atteint son développement topographique maximal, débordant de son ancien site, notamment vers l’ouest. Le matériel découvert dans ces nouveaux quartiers nous montre qui si Apollon s’est définitivement tu, sa ville est restée prospère et a su se défendre, plusieurs siècles durant, dans un monde devenu plus dangereux.
Enfin, les fouilles ont permis de mettre au jour des fragments d’un édifice dorique, sans doute un temple, ainsi que des restes d’offrandes (fragments de céramique fine et de vaisselle en bronze) qui datent du VIe et du Ve s. av. J.-C. Si l’identité des divinités honorées sur le promontoire qui fermait le site de Delphes à l’ouest n’est pas encore connue, nous avons là un témoignage important sur la géographie religieuse du lieu, hors du sanctuaire d’Apollon.