Altérités religieuses, frontières territoriales et compétitions patrimoniales en Grèce et dans les Balkans.


mardi 27 mai 2014    
Toute la journée

Altérités religieuses, frontières territoriales et compétitions patrimoniales en Grèce et dans les Balkans.
Journées d’études Mardi 27 mai Mercredi 28 mai 2014

Programme :
Salle des conférences de l’École française d’Athènes (Didotou 6)
Coordination scientifique : Panayiota Adrianopoulou / Olivier Givre / Cyril Isnart / Pierre Sintès

Mardi 27 mai
Matinée : 9h – 12h30
Alexandre Farnoux, Directeur de l’École française d’Athènes
Introduction
Pierre Sintès, AMU-TELEMME (MERAP-MED)
Olivier Givre, Université Lyon 2, CREA-EVS
Session 1 : le patrimoine religieux : enjeux mémoriels, enjeux politiques, enjeux institutionnels
Modération : Nathalie Cerezales, Université Paris 1, EA 4100 Histoire culturelle et sociale de l’art (MERAP-MED)
Jean-François Pérouse, Institut français d’études anatoliennes, Istanbul – Turquie
Modalités et sens de la frénétique fabrique patrimoniale dans la Turquie urbaine d’aujourd’hui
Krassimira Krastanova , Département d’ethnologie, Université de Plovdiv – Bulgarie
Le patrimoine religieux, entre statut juridique et batailles symboliques. L’exemple du patrimoine musulman en Bulgarie.
11h : pause café
Panayiota Adrianopoulou, Ministère de la culture, Athènes – Grèce
Religieux et altérité religieuse selon la Convention pour la Sauvegarde du Patrimoine Culturel Immatériel de l’UNESCO: réticences, interprétations et enjeux dans le cadre national grec
Discussion
Après-midi : 14h30 – 17h30
Session 2 : Acteurs institutionnels, société civile, communautés confessionnelles dans les revitalisations des patrimoines religieux
Modération : Pierre Sintès, AMU-TELEMME (MERAP-MED)
Mirian Bllaci, Cultural Heritage Without Borders
Restauration, réconciliation et espoirs d’avenir : l’action du CHWB dans les Balkans
Miranda Terzopoulou, Hellenic Folklore Research center, Academy of Athens – Greece
Identity, Politics and the Sacred.  The Evolution of a Bektashi Panayir in Greek Thrace
16h30 : pause café
Angéliki Giannakidou, Musée Ethnologique de Thrace, Alexandroupoli – Grèce
Η αναίρεση μιας αίρεσης
Soirée 18h – 20h
Projection du film Tree of life : Voices surrounding a synagogue de Vassiliki Yiakoumaki
Nicholas Stavroulakis, Etz Hayyim Synagogue, La Canée – Grèce
The Restoration and Rededication of the 17 th Century Synagogue of Etz Hayyim in Hania, Crete
Discussion

Mercredi 28 mai
Matinée 9h30 – 13h00
Session 4 : Réseaux, circulations, territoires des « communautés de mémoire »
Ersi Brouskari, Ministère de la culture, Direction des Antiquités Byzantines et Post-byzantines, Athènes – Grèce
L’évolution des mesures de sauvegarde des monuments ottomans en Grèce
Cyril Isnart, CIDEHUS, Université d’Evora (MERAP-MED) – Portugal
Les catholiques, les touristes et les hérétiques à Rhodes. Patrimoine minoritaire et frontières religieuses
11h00 : pause café
Manoël Pénicaud, AMU IDEMEC LabexMed, MuCEM (MERAP-MED) -France
Itinéraires interculturels, inter- et para-parareligieux en Méditerranée : acteurs, chemins et
patrimonialisation.
Meglena Zlatkova, Département d’ethnologie, Université de Plovdiv – Bulgarie
Crossing the Bulgarian-Turkish Border Memory : Inheritance and « Returning(s) »
Discussion
Après-midi 14h30 – 18h
Tour urbain des sites du patrimoine ottoman de centre-ville d’Athènes
Sémia Samara, Paris Ouest Nanterre-ISP – France
Les monuments ottomans d’Athènes : héritages refusés ?
Altérités religieuses, frontières territoriales et
compétitions patrimoniales en Grèce et dans les Balkans
Journées d’études, École française d’Athènes, 27 et 28 mai 2014

Traditions réinventées, pratiques rituelles revitalisées, lieux de culte et sites restaurés, tourisme religieux : de nombreux exemples attestent la place significative des processus patrimoniaux et mémoriels dans les dynamiques religieuses contemporaines. Engageant des dimensions institutionnelles mais aussi de multiples acteurs qui font du champ patrimonial et mémoriel un lieu d’invention ou de réinvention, ces processus sont porteurs d’enjeux politiques conséquents. Dans un contexte d’interrogation sur les dimensions interculturelles et multiculturelles des sociétés contemporaines, les notions de patrimoine et de mémoire se voient en effet mobilisées pour accorder ou dénier une légitimité culturelle à telles ou telles communautés religieuses, appartenances confessionnelles, pratiques rituelles, questionnant ainsi leur reconnaissance et leur affirmation dans l’espace public.

Les débats autour de la place des « identités religieuses » au sein des sociétés européennes contemporaines sont en effet fréquemment polarisés entre reconnaissance de la diversité culturelle et crainte du communautarisme. Les théories de la sécularisation, qui affirmaient la relégation de la religion dans le domaine privé et dans une sphère culturelle laïcisée, sont contredites par des dynamiques religieuses remettant en question les lignes de partage entre sphères religieuse et politique (public/privé ; laïcité/communautarisme ; séparation églises/Etat). D’autre part, le présupposé de l’existence de communautés confessionnelles identifiées et homogènes est battu en brèche par les formes d’hybridation et de pluralisation qui caractérisent les processus religieux contemporains. La « globalisation du religieux » induit une fragmentation et une recomposition des appartenances, au gré de processus de mobilité (migrations, diasporas, etc.), de pratiques de connexion (internet), de formes d’organisation réticulaires et transnationales. En mutation permanente, ces dynamiques religieuses n’en sont pas moins basées sur la revendication mais aussi la réinvention permanente d’héritages.

Ces deux journées d’études proposent d’interroger la manière dont les constructions patrimoniales et mémorielles contribuent à l’invention et la réinvention de « communautés » reposant entre autres sur des critères religieux, en prenant pour terrains de prédilection les sociétés méditerranéennes et balkaniques. Ce choix vise à mettre l’accent sur des contextes de voisinage, partage et/ou de conflit et concurrence patrimoniaux et mémoriels en matière religieuse. Les sociétés considérées constituent historiquement des espaces de rencontre, de coexistence et de conflit entre confessions multiples, à commencer par les trois monothéismes (judaïsme, christianisme, islam). La thématique des frontières et des voisinages religieux y constitue à la fois une approche classique et en renouvellement, comme en attestent de nombreux sites, sanctuaires, rituels partagés entre communautés religieuses. Les mutations récentes des sociétés balkaniques se sont traduites par de nouveaux rapports aux héritages religieux : marquages spatiaux par la construction d’églises, chapelles, croix, mosquées ; visibilisation d’un « islam d’Europe » pluriséculaire ; pluralisation et transnationalisation des appartenances confessionnelles ; phénomènes de convergence et de concurrence mémorielle ; pratiques de tourisme religieux indiquant une globalisation des mémoires et leur réinscription dans l’espace public. Etant confrontées à des processus politiques d’intégration à l’Union européenne, ces sociétés offrent en somme une configuration singulière de la question des « identités religieuses » dans l’espace européen. Les débats de ces journées viseront ainsi à traiter de la question des communautés religieuses comme des acteurs de ces renouveaux ou revitalisations patrimoniales, mais aussi des politiques et des stratégies de différents types d’acteurs publics comme privés (municipalités, Etats, ONG, UE…).

Religious otherness, territorial boundaries and heritage contests
in Greece and the Balkans

Reinvented traditions, revitalization of ritual practices, restored cult places and sites, religious tourism: there are numerous examples of the significant role of heritage and memory processes in contemporary religious dynamics. Involving institutions as well as multiple stakeholders, such processes also bear consequent political stakes, as the intercultural and multicultural dimensions of contemporary societies seem at the same time assumed and questioned. The notions of “heritage” and “memory” are increasingly mobilized in order to give or deny cultural legitimacy to religious communities, confessional belonging, ritual practices, playing a great deal in their acknowledgement and affirmation in public space. Debates concerning the place of “religious identities” in European societies are often polarized between recognition of cultural diversity and fear of communitarianism. Theories of secularization, arguing the withdrawal of religion unto privacy and the laicisation of societies, seem to be contested by religious dynamics blurring the lines between religious and political spheres (public/private, laic/communitarian, church/state). Moreover, the assumption of identified and homogeneous religious communities is challenged by hybrid and plural religious dynamics. The “globalization of religion” implies a fragmentation and reshaping of belongings, through mobility (migrations, diaspora), connectivity (internet, networking), transnational and plurilocal processes. But even if constantly changing, these dynamics are nonetheless based on a perpetual claiming and reinventing of “heritages”.
These two days aim at questioning how heritage and memory contribute to (re)invention of “communities” based on religious criteria. By focusing on Balkan and Mediterranean societies, we shall put an accent on contexts of neighbourhood, sharing and/or conflict/contest in religious matters. The considered societies are historically meeting places, spaces of coexistence and conflict between multiple confessions, especially the three monotheisms (Judaism, Christianity, Islam). Although classical, the question of religious boundaries and neighbouring proves in renewal, as show the huge number of sites, sanctuaries and ritual shared/contested between religious communities. The recent mutations of Balkan societies implied new relationships to religious heritages: spatial marking by the construction of churches, crosses, mosques; rediscovering of a plurisecular European Islam; pluralism and transnationalism of religious belongings; converging and competing religious memories; religious tourism at the crossroad of the globalization of memories and their affirmation in public space. Being also confronted to political processes of integration to EU, these societies offer a peculiar scope on the question of “religious identities” in the European space. Our debates shall concern the role played by the religious communities in these heritage renewals, but also the policies and strategies of different players, public as well as private (States, municipalities, NGOs, EU…).

Θρησκευτικές ετερότητες, εδαφικά σύνορα και ανταγωνισμοί κληρονομιάς
στην Ελλάδα και τα Βαλκάνια

Παραδόσεις που επαν-επινοούνται, τελετουργικές πρακτικές που αναβιώνουν, τόποι και χώροι λατρείας που αποκαθίστανται, θρησκευτικός τουρισμός: πολλά τα παραδείγματα που καταδεικνύουν τη σημαντική θέση των διαδικασιών αναγωγής σε κληρονομιά και μνήμη στις σύγχρονες θρησκευτικές δυναμικές. Προσλαμβάνοντας θεσμικές διαστάσεις, αλλά και συσπειρώνοντας ποικίλους φορείς που μετατρέπουν το πεδίο της κληρονομιάς και της μνήμης σε τόπο επινόησης ή επαν-επινόησης, αυτές οι διαδικασίες φέρουν συναφή πολιτικά διακυβεύματα. Στο πλαίσιο του αναστοχασμού για τη δια-πολιτισμικότητα και την πολυ-πολιτισμικότητα των σύγχρονων κοινωνιών, οι έννοιες της κληρονομιάς και της μνήμης επιστρατεύονται για να νομιμοποιήσουν πολιτισμικά ή όχι θρησκευτικές κοινότητες, “ανήκειν” σε ομολογίες, τελετουργικές πρακτικές, 4αναζητώντας έτσι τον τρόπο αναγνώρισης και εκδήλωσής τους στο δημόσιο χώρο. Στην πραγματικότητα, η συζήτηση γύρω από τη θέση των « θρησκευτικών ταυτοτήτων » στις σύγχρονες ευρωπαϊκές κοινωνίες συχνά πολώνεται ανάμεσα στην πολιτισμική πολυμορφία και το φόβο της κοινοτικής περιχαράκωσης. Η δυναμική των θρησκειών, που θέτει σε αμφισβήτηση τις διαχωριστικές γραμμές μεταξύ θρησκευτικού και πολιτικού (δημόσιο/ιδιωτικό, εκκοσμίκευση/κοινοτισμός, διαχωρισμός εκκλησιών/ Κράτους) αντικρούει τις  θεωρίες της εκκοσμίκευσης, που περιόριζαν τη θρησκεία στη σφαίρα του ιδιωτικού και του πολιτισμικά λαϊκού . Από την άλλη, η προϋπόθεση της ύπαρξης ομολογιακών κοινοτήτων ταυτοποιημένων και ομογενοποιημένων αναιρείται από την υβριδικότητα και τον πλουραλισμό που χαρακτηρίζουν τις σύγχρονες θρησκευτικές διαδικασίες. Η «παγκοσμιοποίηση του θρησκευτικού» προκαλεί κατακερματισμό και επαναδόμηση του ανήκειν, ανάλογα με τα φαινόμενα των μετακινήσεων (μεταναστευτικά ρεύματα, διασπορικά φαινόμενα κλπ.), της διαδικτυακής δια-σύνδεσης (internet), των δικτυακών και δι-εθνικών μορφών οργάνωσης. Σε διαρκή μεταβολή, αυτές οι θρησκευτικές δυναμικές βασίζονται τόσο στη διεκδίκηση όσο και στη διαρκή επαν-επινόηση της κληρονομιάς.
Αυτή η διημερίδα προτείνει να επανεξετάσουμε τον τρόπο με τον οποίο οι κατασκευές της κληρονομιάς και της μνήμης συμβάλλουν στην επινόηση και την επαν-επινόηση των «κοινοτήτων», βάσει -μεταξύ άλλων- και θρησκευτικών κριτηρίων, επιλέγοντας ως πεδίο τις μεσογειακές και βαλκανικές κοινωνίες. Αυτή η επιλογή έχει στόχο να τονίσει τα συμφραζόμενα της γειτνίασης, της ανταλλαγής και/ή της σύγκρουσης και του ανταγωνισμού σε επίπεδο κληρονομιάς και μνήμης για θρησκευτικά ζητήματα. Οι εν λόγω κοινωνίες συνιστούν ιστορικά τόπους συνάντησης, συνύπαρξης και συγκρούσεων μεταξύ διαφορετικών θρησκειών, με πρώτες τις τρεις μονοθεϊστικές (εβραϊσμό, χριστιανισμό, ισλάμ). Η θεματική των συνόρων και της θρησκευτικής γειτνίασης αποτελεί μια προσέγγιση κλασική και ταυτόχρονα ανανεούμενη, όπως φαίνεται από το πλήθος χώρων, ιερών, καθώς και τελετουργιών που μοιράζονται διαφορετικές θρησκευτικές κοινότητες. Οι πρόσφατες αλλαγές των βαλκανικών κοινωνιών μεταφράζονται σε νέες σχέσεις με τη θρησκευτική κληρονομιά : σήμανση του χώρου με την κατασκευή εκκλησιών, παρεκκλησίων, προσκυνηταριών, τζαμιών, ορατότητα ενός μακραίωνου «Ισλάμ της Ευρώπης», πολυφωνία και δι-εθνοποίηση του θρηκευτικού ανήκειν, φαινόμενα  μνημονικής σύγκλησης και ανταγωνισμού, πρακτικές θρησκευτικού τουρισμού που καταδεικνύουν την παγκοσμιοποίηση της μνήμης σε πληθυντικό και την επανεγγραφή της στο δημόσιο χώρο. Αντιμετωπίζοντας πολιτικές ενσωμάτωσης στην Ευρωπαϊκή Ένωση, αυτές οι κοινωνίες προσφέρουν συνολικά μια ξεχωριστή απεικόνιση του ζητήματος των «θρησκευτικών ταυτοτήτων» στον ευρωπαϊκό χώρο. Οι συζητήσεις αυτού του διημέρου έχουν, λοιπόν, ως σκοπό να διαπραγματευτούν τις θρησκευτικές κοινότητες ως φορείς της ανανέωσης ή αναβίωσης της κληρονομιάς, καθώς επίσης και τις διαφορετικές πολιτικές και στρατηγικές δημόσιων και ιδιωτικών φορέων (ΟΤΑ, κεντρικοί κρατικοί μηχανισμοί, ΜΚΟ, ΕΕ…).

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