2. Amathonte – Les premières découvertes

En 1975, après le relevé de la muraille médiane de l’acropole en 1973 et les tragiques événements de 1974, l’équipe a implanté un quadrillage du site et entamé, sur l’acropole, ce qui devait constituer une série des sondages, alignés sur un axe Nord-Sud, pour acquérir une connaissance stratigraphique et topographique. Ce fut une campagne de prise de contact avec le terrain et d’orientation. Les premiers sondages se sont révélés prometteurs : restes d’habitat et fosses riches en matériel géométrique, archaïque et hellénistique contre la muraille, et grand édifice en contre-haut de la porte, doté d’un autel bas entouré de statuettes en calcaire.

Équipe de la première campagne de fouille, 1975 (P. Aupert / Archives EFA, Y.37P)
Équipe de la première campagne de fouille, 1975 (P. Aupert / Archives EFA, Y.37P)

C’est l’année suivante que s’ouvrent les perspectives, avec le dégagement d’un élément de muraille archaïque, la datation de la porte et de la muraille médiane aux VIe-VIIe s. ap. J.-C., avec la découverte d’un entrepôt de grandes jarres dans le vaste édifice amont, dont l’on soupçonne dès lors l’importance économique, avec aussi, au sommet, celle de la base, en place, du second grand vase en calcaire, qui signalait évidemment la proximité du temple d’Aphrodite. Des entreprises annexes révélaient en même temps la présence du culte de Théos Hypsistos et, dans la nécropole, celle d’une inhumation du Xe s. av. J.-C.

Ce fut aussi l’année du lancement d’explorations connexes : détection magnétique, évaluation des ressources épigraphiques du village d’Agios Tychonas, collecte des testimonia.

Vue aérienne des premiers chantiers, 1975 : A-B, muraille médiane ; C, palais (Archives EFA, AMATH 3-1 [1])
Vue aérienne des premiers chantiers, 1975 : A-B, muraille médiane ; C, palais (Archives EFA, AMATH 3-1 [1])

Tout était là, en germe, qui déboucha, en 1977, sur l’identification sûre du temple d’Aphrodite (grâce entre autres à un torse en calcaire de la déesse) et de ses premières constructions, la révélation de son voisinage avec une basilique paléochrétienne et la présence, sinon d’une véritable occupation, du moins de céramique du XIe s. av. J-C., la plus ancienne que l’on ait découverte sur le site et dans ses nécropoles. Des géographes ont alors établi la carte géomorphologique des trois collines, la récolte des inscriptions a commencé et des céramologues et des géophysiciens se sont mis à l’ouvrage. Les travaux de ces derniers et quelques sondages sont à l’origine de l’identification de l’emplacement du port interne de la ville. Enfin, la fouille en urgence, dans la nécropole Nord, d’une tombe exceptionnelle, qui avait dû renfermer un sarcophage semblable à celui du Metropolitan Museum, a entraîné la découverte inattendue d’une quinzaine de vases importés de Grèce dès le VIIIe s. av. J.-C. L’ensemble jette un jour intéressant sur les relations de la ville, dès ses origines, avec le continent grec et notamment l’Eubée.

P. Aupert