Ce programme relève du quinquennal 2022-2026 de l’EFA. Il est régi par un protocole de collaboration 2021-2025 entre l’Éphorie des Antiquités de Kavala et l’École française d’Athènes.
Responsables : Stavroula Dadaki (directrice de l’Ephorie des Antiquités de Kavala) & Arthur Muller (émérite de l’Université de Lille & IUF).
 

 

Dans le cadre du programme Thanar, mené en commun par l’EFA et l’Éphorie de Kavala depuis 2002, la reprise des travaux de terrain pour deux campagnes, 2021 et 2022, a trois objectifs principaux : – la fouille de la parcelle de terrain TER12 acquise en 2019, qui recouvre la partie centrale de la vaste demeure protobyzantine DOM5, ainsi que quelques sondages dans les parties déjà fouillées afin de répondre à des questions d’architecture concernant les édifices plus anciens reconnus sous DOM5 ; – des fouilles liées à l’aménagement et la présentation de la rue à l’Est de DOM55 ; – la consolidation systématique des maçonneries de DOM5, commencée dès 2019. Ces travaux sont financés cette année pour l’essentiel par la Fondation Simone et Cino Del Duca de l’Institut de France, par l’École française d’Athènes, l’Éphorie des Antiquités de Kavala, l’Université de Lille (Halma UMR 8164 et Faculté des Humanités) et l’Université d’Athènes. L’équipe est constituée d’enseignants-chercheurs, de chercheurs et d’étudiants de chacune de ces institutions.

 

En 2021, après un décapage par des moyens mécaniques, l’exploration en aire ouverte de TER12 a permis de reconnaître une fois de plus l’histoire récente du secteur (épierrements et aménagement des terrasses agricoles à la fin du xix^e s.) puis de fouiller la plus grande partie de l’épaisse couche de destruction, constituée exclusivement de mortier désagrégé, de blocs, pierres et briques. La position de chute vers l’ouest de la plupart de ces éléments apporte une confirmation supplémentaire de la cause de cette destruction, un violent séisme, daté de 619-620. Du point de vue architectural, l’hypothèse d’une cour péristyle au centre de la demeure est déjà vérifiée : on en connaît désormais le portique oriental, qui dans son dernier état comportait aux angles des piliers maçonnés, entre lesquels se dressaient quatre colonnes. Les entrecolonnements fermés par des murs révèlent des transformations, qui ne pourront être analysées qu’après leur mise au jour complète en 2022 : cette campagne explorera aussi les niveaux de la dernière occupation, de ± 575 à 620, jusqu’aux sols des portiques et de la cour centrale. On pourra alors établir un phasage de la cour péristyle en relation avec les états successifs déjà connus de DOM5.

Sur le côté Est de DOM5, le triclinos a empiété sur la RUE1, dont il s’agit d’homogénéiser la présentation au niveau du dallage de son égout. En 2021, cette opération dans le segment méridional de la rue a livré des données inattendues : au moment où le premier empiétement du triclinos faisait de ce segment de rue une quasi impasse s’y est installé un atelier de forgeron : les scories incrustées sur les dalles ont permis de localiser avec précision au moins quatre petits foyers de forge. Cette activité datée de la fin du IV^e siècle apr. J.-C. par des trouvailles monétaires, pourrait être mise en relation avec la construction du premier état de DOM5. On attend des travaux de cette année dans le segment septentrional de la rue des vestiges de même nature.
Sous l’aile nord de DOM5, il s’agit cette année de préciser la datation du premier état du bâtiment archaïque BAT25 : les sondages contre son mur oriental en bel appareil polygonal devraient enrichir considérablement l’histoire de cet espace d’abord extérieur puis intégré à BAT25 au cours du VI^e s. avant J.-C.
La 3^e tranche des travaux de consolidation de DOM5 se concentre cette année sur l’aile sud de DOM5 et l’ensemble thermal qui lui a été annexé : l’analyse des maçonneries rendue possible par ces travaux devrait permettre plusieurs progrès dans la compréhension des états successifs des thermes. La protection de la crête des murs par une surélévation générale et le comblement d’importantes lacunes dues à des perturbations récentes rendent sa lisibilité à l’ensemble de DOM5 et donnent même un caractère spectaculaire au seul monument profane de l’époque protobyzantine visible à Thasos.