Malgré des corpus réguliers accompagnés de synthèses, en particulier les travaux de Pierre Bonini (2006) et ceux d’Hélène Wurmser depuis 2008, l’évolution de maison en Grèce et dans les Balkans à l’époque romaine se laisse difficilement cerner. La très forte distance entre le modèle étrusco-italique et l’habitat en Grèce, a été récemment soulignée par Vincent Jolivet à propos de Délos (BCH 2020). Faut-il imaginer une permanence d’une forme d’identité culturelle grecque, à travers les constantes de l’habitat ? L’application d’un vocabulaire normé et précis, hérité des sources, aux différents espaces, résiste, il est vrai, à toute tentative sur les plans connus, souvent malheureusement incomplets. En prenant des exemples dans une série de sites de Grèce, des Balkans et même de Chypre, nous analyserons l’évolution diachronique, entre Empire et Antiquité tardive, de plans de grandes demeures, complets ou fragmentaires, pour saisir les composantes héritées du passé, la réappropriation de plans antérieurs et la manière dont se greffent les nouvelles modes architecturales et décoratives. Nous nous attacherons d’une part à l’aménagement des cours et des espaces de plein air pour voir ce que l’on a conservé de la traditionnelle maison grecque. On verra en particulier la part substantielle que prennent les fontaines et installations aquatiques au cœur des maisons de ville et discuterons de la question de l’apparition discrète du jardin et des plantations, qui ne sont pas à l’origine présentes dans le cœur des maisons grecques classiques. D’autre part, nous observerons comment les mouvements de mode que l’on connaît pour le reste de l’Empire se déclinent inégalement dans cette zone géographique : aménagement de nouveaux espaces de réception, en particulier les salles à manger, sans doute les plus faciles à déterminer pour l’Antiquité tardive, par les ajouts d’aménagements et de formes spécifiques ; mais aussi résistance de formes traditionnelles, dans certains cas, héritées d’habitudes du passé, avec le maintien de morphologies antérieures.

#regardscroisesLe séminaire « Regards croisés sur … », de nature fondamentalement diachronique, rassemble les membres scientifiques de l’EFA autour d’une thématique commune destinée à se renouveler chaque année. Régulièrement, un ou deux membres scientifiques invitent un.e expert.e à présenter des travaux en résonance avec leurs propres recherches en cours à l’EFA.
La thématique adoptée en 2023, pour la deuxième édition de ce séminaire, porte sur les liens entre passé et construction identitaire. Plusieurs aspects sous-tendent cet objet large. Au-delà de la réception de l’antique dans les sociétés modernes, l’enjeu est d’explorer de manière diachronique les processus d’appropriation, d’utilisation, de création et de resémantisation du ou des passé(s), dans le cadre de constructions identitaires par les sociétés et groupes humains. L’anachronisme est un point central dans cette démarche, les conflits entre passé et présent, entre histoire et mémoire ou entre différents régimes d’historicité étant considérés comme les indices des écarts et déformations inhérents aux usages du passé pour lier un groupe à travers un récit commun. Les formes d’appropriation et de réappropriation du passé peuvent être appréhendées à partir des textes, des images, de l’architecture, des paysages ainsi que de la culture matérielle et immatérielle. Le caractère multiple et fluide de l’identité, comme de sa perception, de la mise en récit et de la réécriture du passé, sont autant d’éléments qui seront au cœur de notre réflexion.
Programme 2023« Diverse perspectives on… » is a diachronic seminar that brings the scientific members of the EFA together around a common theme meant to be renewed every year. Regularly, one or two scientific members invite an expert to present research that echoes their ongoing work at the EFA.
The theme adopted in 2023 for the second edition of this seminar regards the links between the past and the construction of identity. Several aspects underlie this broad subject. Beyond the reception of the antiquity in modern societies, the goal is to explore diachronically the processes of appropriation, use, creation and re-signification of the past(s), within the framework of identity constructions by societies and human groups. Anachronism is a focal point in this approach, with conflicts between past and present, history and memory, or between different regimes of historicity seen as reflecting gaps and distortions inherent in the uses of the past that aim to bind a group together through a common narrative. The forms of appropriation and reappropriation of the past can be approached through texts, images, architecture, landscapes as well as material and immaterial culture. The multiple and fluid nature of identity and its perception, of narrating and rewriting the past, will thus be at the heart of our reflection.
Programme 2023