Arméniens et Juifs : la rupture traumatique des génocides
Deuxième rencontre du programme Arméniens et Juifs dans les métropoles du Sud-Est européen
sous la responsabilité d’Odette Varon-Vassard et Hervé Georgelin
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La deuxième rencontre du programme de recherche « Arméniens et Juifs dans les métropoles du sud-est européen » est consacrée aux destructions génocidaires qui ont affecté les deux populations selon des chronologies et des processus différents, dans des lieux différents, mais d’une manière qui affecte leur histoire de façon indélébile jusqu’aujourd’hui dans le sud-est européen et bien au-delà.
En particulier, le grand centre arménien ottoman, Constantinople-Istanbul-Պոլիս [Bolis], a été réduit à peau de chagrin démographique, doté encore d’institutions importantes aux noms impressionnants mais dépourvu désormais d’arrière-pays, celui des Arméniens ottomans, rayé de la carte par le Comité Union et Progrès en 1915 et dans les années qui suivirent, lors du Grand Crime / Մեծ Եղեռն [Medz Yeghern] ou de la Catastrophe / Աղէտ [Aghèd], comme les survivants appellèrent ces massacres systématiques.
En regard, dans La Jérusalem des Balkans, Thessalonique-Selânik, la communauté juive n’est plus, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, que l’ombre d’elle-même, « la ville des fantômes » selon l’expression consacrée par Mark Mazower. La communauté salonicienne a connu pendant la Shoah un des taux de mortalité les plus élevés de toute l’Europe occupée par l’Allemagne nazie et ses alliés. La démographie des Juifs des pays voisins occupés connaît un même effondrement. La perception de soi des deux peuples a été marquée à jamais par la violence de ces destructions de masse.