Newsletter EFA numéro 19 – Printemps-été 2023

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NEWSLETTER PRINTEMPS – ÉTÉ 2023

 ÉDITORIAL

Depuis les promotions de membres scientifiques athéniens qui passaient par la Villa Médicis et l’École de Rome il y a 150 ans avant d’atteindre la Grèce, jusqu’aux équipes de chercheuses et chercheurs d’aujourd’hui qui, à partir de l’École française d’Athènes, parcourent les terrains grecs et balkaniques, c’est une longue histoire d’explorations et de recherches qui se tisse à travers nos archives et par nos programmes. L’anniversaire que nous venons de célébrer avec nos amis du Farnèse à l’occasion des 150 ans du décret instituant, à partir de l’École d’Athènes, l’extension romaine du modèle des Écoles françaises à l’étranger, nous rappelle la valeur de cet ancrage de longue durée, qui s’inscrit aussi dans un projet ambitieux pour la recherche : les études de terrain garantissent le renouvellement des savoirs et méritent de pouvoir s’appuyer sur des établissements rayonnants dans leurs pays d’accueil. Aventures humaines emplies de l’affection pour ces terrains de recherche, comme l’avait si bien exprimé Fernand Braudel : « J’ai passionnément aimé la Méditerranée, sans doute parce que venu du Nord, comme tant d’autres, après tant d’autres » ; apprentissages dans les « écoles d’application » que sont de tout temps les EFE, élargis aujourd’hui à tous les métiers de la recherche et de l’appui à la recherche ; publications et travaux qui font date en s’inscrivant dans des débats historiographiques internationaux grâce à nos enracinements locaux. Ce sont là autant de richesses portées par chacune et chacun et dont témoignent les actualités de ce printemps à l’EFA.

Véronique Chankowski, directrice de l’École française d’Athènes

 DU NOUVEAU EN LIGNE

Nouvelle présentation des missions archéologiques de l’EFA

Découvrez ici la nouvelle présentation des sites de fouilles sur lesquels travaille l’EFA, qui vient accompagner la présentation des programmes de recherche du quinquennal.

Le SIG de l’Armée d’Orient est en ligne

Découvrez ici en Open Access ArmOr GIS, disponible en français, en grec et en anglais.

 AGENDA

Exposition – Explorer la Grèce antique : Émile Burnouf et l’École française d’Athènes 04/05 – 30/06/ 2023 BU de Lettres, Sciences humaines et sociales de Nancy L’exposition est organisée par les BU de Lorraine, en partenariat avec l’École française d’Athènes (dans le cadre de la célébration de ses 175 ans) et le Musée archéologique de l’Université de Lorraine. Pour en savoir plus…
Le Réseau des Écoles françaises à l’étranger : ressources et dispositifs d’accueil internationaux pour étudiants et chercheurs 11 mai 2023 ENS-Paris ou en visioconférence Pour en savoir plus…
Table ronde du Réseau des Écoles françaises à l’étranger au Festival d’Histoire de l’art de Fontainebleau Samedi 3 juin à 12h00 Salon des fleurs, Château de Fontainebleau Retrouvez la Table ronde du ResEFE Habiter et occuper la terre : sociétés et climats de la préhistoire à nos jours. Pour en savoir plus…
Conférence annuelle de l’EFA Mercredi 7 juin 2023 – 19.00 Auditorium de l’Institut français de Grèce, Sina 31 Retrouvez nous pour notre traditionnelle conférence annuelle ! Après la présentation des activités de l’EFA en 2022 par la directrice, Christophe Corbier sera l’invité de la seconde partie, avec la conférence Au rythme des musiques traditionnelles : la contribution des Français au développement de l’ethnomusicologie en Grèce.
Délos 150 En 1873, A. Lebègue, membre de l’École française d’Athènes, entreprenait les premières fouilles archéologiques sur l’île de Délos, bientôt suivies par des chantiers de grande ampleur qui permirent de dégager une très grande partie de la ville antique. Au cours de ces 150 ans, l’exploration extensive de l’île, réalisée par l’EFA et le Service archéologique grec, a fait de Délos l’une des villes antiques les mieux connues de l’ensemble du bassin méditerranéen et l’ont érigée en observatoire privilégié pour de multiples sujets d’étude sur l’Antiquité. En cette année anniversaire, divers événements sur place et en ligne mettront à l’honneur l’histoire de l’EFA à Délos à travers expositions, publications, conférences et focus sur des documents inédits.

 ZOOM SUR…

©EFA, E Miari

… le lancement d’ANCHISE – Projet européen de lutte contre le trafic illicite de biens culturels (HorizonEurope, 2023-2026)

Le mois de février a donné le coup d’envoi du projet européen ANCHISE (‘Applying New solutions for Cultural Heritage protection by Innovative, Scientific, social and economic Engagement’), projet Horizon Europe coordonné par l’École française d’Athènes et financé par la Commission européenne pour une durée de 3 ans. La réunion de lancement organisée à l’EFA les 7 et 8 février 2023, en présence de l’ensemble des partenaires, a permis de poser les premiers jalons de ce projet ambitieux. Le projet ANCHISE s’inscrit dans la stratégie de l’UE en matière de coopération européenne et de lutte contre le trafic de biens culturels. ANCHISE proposera des études ainsi que des solutions opérationnelles face à ce phénomène qui touche autant l’Europe que les pays qui l’entourent. Dans cette perspective, l’EFA entend apporter la contribution de son expertise en faveur de la protection des patrimoines culturels. En effet, étant déjà un acteur de l’intégration des nouvelles technologies dans la recherche en SHS et directement impliquée sur de nombreux terrains de recherche en partenariat avec les services des antiquités, l’EFA s’inscrit naturellement dans cette ambition européenne. Afin de construire ces solutions innovantes, l’EFA s’est entourée d’équipes venues de la recherche technologique, de la recherche en sciences humaines et sociales, et de la protection du patrimoine. La réussite du projet ANCHISE repose sur la collaboration active de quinze partenaires constitués d’Universités et établissements publics de recherche (EFA, Université Lumière Lyon 2, Université de Poitiers, Institut universitaire européen de Florence, Université Technique de Chypre), de centres de recherche (FRAUNHOFER, ICCS, Cyprus Institute), de groupes privés (PARCS, ICONEM, INOV), de spécialistes de terrain (ENSP, ICOM) et associations européennes (Michael Culture). Les outils développés dans le cadre du projet ANCHISE résulteront du développement de nouvelles technologies, notamment l’utilisation de la 3D/photogrammétrie pour le contrôle des sites archéologiques, le data engineering et l’intelligence artificielle pour l’identification d’objets, et la signature spectrale par fluorescence pour l’authentification des objets. Le projet ambitionne aussi de produire une étude des phénomènes de trafics de biens culturels et d’amplifier le réseau d’experts déjà constitué dans le cadre du précédent projet H2020 NETCHER. Mais ce sujet est également l’affaire de tous, et des actions de sensibilisation et de communication auprès du grand public feront également partie du programme que se fixe ANCHISE.

Retrouvez les avancées et résultats du projet

 RECHERCHE ET FORMATION

Signature du partenariat avec l’Académie des études albanaises de Tirana en avril 2022 / EFA, E. MiariL’École française d’Athènes, acteur de la recherche dans les Balkans

Depuis le démembrement des empires ottoman et austro-hongrois au XIXe siècle et au début du XXe, les Balkans ont été associés dans l’imaginaire européen à la fragmentation tout autant qu’à l’étrangeté. L’établissement des frontières des nouveaux États-nations, avec les rivalités et les enjeux territoriaux qu’il impliquait, s’est par ailleurs accompagné de la mise en place d’historiographies nationales, cloisonnées, dans lesquelles la projection dans le passé d’enjeux politiques contemporains a été la source de biais historiographiques tenaces. La séparation de la Grèce du reste de l’Europe du Sud-Est pendant la guerre froide a, malgré les tentatives pour établir un espace de dialogue scientifique, superposé à la frontière politique une frontière épistémologique et renforcé l’idée de trajectoires nationales divergentes. Pour autant, les recherches archéologiques menées dans le nord de la Grèce ont de longue date montré l’importance des interactions entre le monde égéen et l’espace balkanique, depuis la préhistoire et à toutes les époques historiques. Les fouilles menées en collaboration par l’EFA en Albanie et en Bulgarie en sont l’illustration. L’histoire de l’Empire byzantin comme celle de l’Empire ottoman ne sont de même envisageables qu’en prenant en compte l’échelle balkanique. Les frontières ont pourtant la vie longue et on ne peut que faire le constat de la relative méconnaissance et du faible niveau de communication entre la recherche menée en Grèce et celle menée dans les autres pays balkaniques, de même que de la sensibilité de ces recherches aux configurations politiques, dès lors que les identités nationales sont en jeu. Forte de ses collaborations et de son expérience de recherche, sur les terrains sud-est européens comme dans l’étude des dynamiques régionales, l’EFA a entamé sa programmation quinquennale avec une nette orientation vers l’espace balkanique. Cette programmation a été conçue pour mettre en valeur la position de l’EFA en tant que poste d’observation et point d’accès vers les Balkans. Cela est visible dans les opérations de fouille et les programmes de recherche, qu’ils se déroulent dans d’autres pays de la péninsule (Mémoires, pouvoirs, espace public dans les Balkans), qu’ils s’intéressent à l’interface et aux contacts entre monde grec et espace balkanique (Paysages sonores et mémoires de l’exil ; Thraces et Pélasges aux marges de la Grèce ; Les confins de la musique), ou encore qu’ils mettent en œuvre une démarche comparative à l’échelle des Balkans (Atlas numérique des systèmes familiaux ; Interactions, juxtapositions, imbrications religieuses dans les Balkans ; Espaces discrets de la mondialisation). En 2022, sept missions de terrain ont eu lieu dans des pays balkaniques autres que la Grèce (Albanie, Bulgarie) tandis que plusieurs opérations se sont déroulées en Grèce du Nord, y compris sur de nouveaux sites qui permettent d’observer les échanges et les circulations à travers la région (Terpni, Florina). Un nombre équivalent de missions sont programmées pour l’année 2023. Cette activité s’appuie sur des partenariats existants et en suscite de nouveaux. Aux partenariats conclus dans les pays de la région (comme avec l’Académie des études albanaises de Tirana en avril 2022), il faut ajouter ceux qui associent l’EFA à des institutions reconnues pour leurs compétences dans le champ des études balkaniques, en Grèce comme en France. Les premières Rencontres d’histoire balkanique se sont ainsi tenues en février 2023 à Réthymnon dans le cadre de la convention signée entre l’EFA et l’Institute for Mediterranean Studies. En avril 2022, les membres de la section moderne contemporaine se sont rendus à Paris à l’invitation du Cetobac (UMR8032), un des principaux centres de recherche sur la Balkans en France, pour une journée d’étude commune. En mai 2023, ils ont participé à des rencontres organisées par l’EFA et par l’Inalco sur le thème des « Circulations culturelles dans l’espace balkanique et méditerranéen », rencontres qui inaugurent la convention signée cette même année entre les deux institutions. L’EFA a par ailleurs rejoint le réseau Haemus qui rassemble des chercheurs en archéologie et histoire travaillant sur le territoire de la péninsule balkanique aux époques romaine tardive et protobyzantine. L’EFA soutient aussi le Réseau des Atlas, qui réunit en particulier, autour de l’Atlas social d’Athènes, les équipes travaillant aux atlas de Thessalonique et de Tirana. Enfin, l’EFA a été partenaire des 4e Rencontres d’études balkaniques qui se sont déroulées à Marseille en juillet 2022 à l’initiative de l’Association française d’études sur les Balkans, association dont Gilles de Rapper, directeur des études modernes et contemporaines, a pris la présidence en mars 2023. L’activité de recherche s’accompagne d’opérations de formation et de manifestations scientifiques qui mettent l’accent sur l’espace balkanique et sur l’expertise de l’EFA dans ce domaine. Ainsi du cycle d’ateliers doctoraux Les Balkans, Espaces, sociétés, histoire, dont la première édition a eu lieu en juillet 2022 à Trieste et dont la deuxième édition se déroulera à Thessalonique en septembre 2023 (en partenariat avec l’EFR, l’Université de Macédoine, l’Université de Trieste et Aix-Marseille Université). En retour, l’EFA gagne en attractivité auprès des chercheurs travaillant sur l’espace balkanique. Cela est visible dans l’accueil des boursiers et des chercheurs résidents comme dans le recrutement des membres scientifiques. En 2022, trois chercheurs résidents ont été accueillis depuis des institutions balkaniques (Albanie, Bulgarie, Croatie). En 2023, l’EFA accueille trois chercheurs résidents travaillant sur les Balkans ainsi que trois boursiers. Parmi les membres, Maguelone Bastide et Ioannis Chalazonitis pour la section antique et byzantine, Lilyana Yordanova et Agustín Cosovschi pour la section moderne et contemporaine, mettent en œuvre des programmes qui sont largement ouverts sur l’espace balkanique.

Terrasse de Marmaria à Delphes / EFAFouilles et missions de l’été 2023

Avec douze missions de fouille et prospection, dont beaucoup sont soutenues par le MEAE, et près de soixante-cinq missions d’étude, l’activité de terrain de la section des études antiques et byzantines sera comparable à celle de l’an dernier. Delphes et Délos continuent à concentrer les recherches, mais la part que ces deux sites occupent dans l’activité de l’École a tendance à baisser au profit d’autres. La fermeture du musée de Délos pour la troisième année consécutive est un facteur d’explication. Mais l’EFA engage aussi des recherches sur des terrains nouveaux, notamment dans le nord (Terpni, vallée de l’Hèbre) et l’ouest (Nicopolis) de la Grèce. Comme d’habitude, six missions bénéficient d’une autorisation de fouille ou de prospection sur le territoire grec. Elles sont de création nouvelle ou récente, ou actives depuis plus longtemps. La mission sous-marine d’Égine, organisée en collaboration avec l’Éphorie des antiquités sous-marines, l’Université d’Aix-Marseille et l’institut Arkaia, poursuivra au mois de juillet les opérations de relevés topographiques et bathymétriques ainsi que les fouilles sous-marines et côtières entreprises depuis 2019. L’EFA continuera aussi de participer en juillet aux prospections menées à Rhénée par l’Éphorie des antiquités des Cyclades, en se concentrant plus particulièrement sur le secteur de la nécropole. L’équipe de Dikili Tash a pour objectif d’atteindre les niveaux profonds de l’occupation du site, notamment ceux du Néolithique I (5e millénaire avant notre ère), et de repérer leur transition avec les couches du Néolithique II. Les fouilles auront lieu en juillet et en août. Elles sont menées depuis 2019 dans le cadre d’un partenariat avec la Société Archéologique d’Athènes. Au mois d’août, se poursuivront aussi les fouilles entamées l’an dernier sur la terrasse de Marmaria à Delphes. Elles prennent la forme d’un ensemble de sondages destinés à préciser la stratigraphie et la chronologie des monuments de la terrasse. Également au mois d’août, un nouveau programme de fouille débutera à Amphissa en collaboration avec l’Éphorie des antiquités de Phocide. Il s’insère dans les activités du programme Fortifications de Phocide et Locride, et prolongera l’étude des différents remparts de la ville menée depuis 2013. Les fouilles de Terpni, commencées en 2022 dans le cadre d’une collaboration avec l’Éphorie des antiquités de Serrès, se tiendront en septembre. Le dégagement d’une église protobyzantine et d’un ensemble de structures d’époque impériale sera poursuivi, ainsi qu’un sondage dans les niveaux les plus anciens du site. La dernière autorisation est mobilisée par le programme consacré à l’étude des gymnases de Délos décrit ci-dessous. Au total et si l’on ajoute les missions d’étude, l’École interviendra sur une vingtaine de sites répartis sur l’ensemble du territoire grec. Des missions seront également menées à Chypre et en Albanie. Les fouilles qui ont débuté à Pakhtomena en 2021, dans le prolongement des activités de la mission Néolithisation à Chypre, auront lieu au mois de mai 2023 avec pour objectif de poursuivre le dégagement d’un ensemble d’unités d’habitation des 13e et 12e millénaires avant notre ère. Depuis 2022, l’EFA apporte également son soutien à la mission de Nea Paphos et aux fouilles de l’enceinte urbaine réalisées en collaboration avec l’Université et le Département des Antiquités de Chypre. Une campagne de fouille sera également conduite durant l’été au Palais d’Amathonte. En Albanie, la Mission Archéologie franco-albanaise (MAFAK) poursuivra au printemps la fouille du site de l’âge du Fer de Barç, localisé près de la ville de Korçë, tandis que la Mission Archéologique franco-albanaise d’Apollonia travaillera durant l’été. Il est prévu de reprendre une activité de fouille plus intense, concentrée sur la porte nord-est de la ville et le rempart urbain.

Vue aérienne de la Palestre du Lac à Délos / EFA, G. Ackermann – N. Domoktsis. Avril 2023Un nouveau projet de recherches sur les édifices gymniques de Délos

L’île de Délos constitue un observatoire privilégié pour étudier l’infrastructure consacrée par une cité antique au sport et à l’éducation. Les fouilles de l’École française d’Athènes y ont en effet livré deux établissements gymniques (le Gymnase et la Palestre du Lac) associés à deux pistes de course (le Stade et le Xyste), et une longue série d’inscriptions relatives à ces monuments. Les publications de ces vestiges parues en 1961 et 1970 sont aujourd’hui dépassées et méritent d’être systématiquement révisées et complétées en fournissant de nouvelles données archéologiques. Un subside « Ambizione » du Fonds National Suisse pour la Recherche Scientifique (FNS) a récemment été octroyé à Guy Ackermann, ancien membre étranger de l’EFA entre 2018 et 2022), pour conduire à l’Université de Genève, et en étroit partenariat avec l’EFA, un nouveau programme de recherches d’une durée de quatre ans (avril 2023 – mars 2026). Ce projet vise à offrir un nouvel éclairage sur l’équipement éducatif et sportif en Grèce antique, en partant du cas exemplaire de Délos. Il s’agira d’assurer l’identification des édifices fouillés avec ceux qui sont mentionnés dans les inscriptions, de retracer l’histoire de leur développement architectural, de déterminer la fonction et l’utilisation de leurs différents espaces, d’étudier le fonctionnement de leurs espaces balnéaires, de restituer l’emplacement et de fixer la datation des pistes de course. Pour répondre à ces objectifs, cinq work packages ont été définis, à savoir une étude de la documentation existante, une prospection géophysique, des relevés photogrammétriques et architecturaux des monuments, une campagne de fouille et une étude de mobilier. Ce projet est ainsi fondé sur une approche globale des données archéologiques, qui seront croisées à l’analyse de la riche documentation épigraphique, pour renouveler nos connaissances sur l’infrastructure gymnique du monde grec antique et notre compréhension de la société qui l’a développée et utilisée.

 ARCHIVES

De gauche à droite : R. Ienco, A. Boulanger, M. Schoehuys-Kreiss

Depuis le mois de mars, l’École française d’Athènes accueille au service des archives un volontaire international dans le cadre de la structuration de la politique de science ouverte de l’établissement et deux stagiaires dont les missions visent à identifier les fonds et favoriser l’ouverture des données.

Accompagner l’ouverture des données Depuis l’adoption de la charte en 2021, les actions et recommandations de l’EFA se précisent d’année en année, que ce soit par le biais de ses bases de données comme Archimage ou par l’utilisation systématique de référentiels. Ainsi le comité de pilotage science ouverte se réunira-t-il pour établir les jalons d’une feuille de route propre à l’institution et avancer dans l’ouverture des données, notamment celle des sites de fouilles, avec l’exemple de Délos pour le cent-cinquantenaire du début de l’activité des chercheurs sur le site. Il s’agit de rendre accessibles les archives manuscrites, les photographies, plans et tous types de données de recherche susceptibles d’intéresser un public de spécialistes. « À plus long terme, il s’agit d’accompagner, en lien avec le ResEFE, membres et chercheurs vers la maîtrise des bonnes pratiques et techniques de la science ouverte. » souligne Rémy Ienco, Volontaire international au Service des archives pour une durée d’un an renouvelable une fois. Cette démarche s’inscrit dans un contexte national et international qui veut rendre les données et résultats de la recherche aussi ouverts que possible, aussi fermés que nécessaire : l’EFA souhaite donc proposer à ses membres et partenaires fiches pratiques et documentation, outils et plateformes afin de tendre vers une insertion optimale de l’institution dans cet écosystème, en réel moteur de la science ouverte. Poursuivre la description des fonds Pendant ses quatre mois de stage aux Archives de l’EFA, Agathe Boulanger traite les fonds privés d’anciens membres de l’École française. « Le traitement d’un fonds d’archives privées est spécifique. En effet, contrairement à un fonds public pour lesquels sont établis des cadres de classement qui permettent de guider l’archiviste dans le classement d’un fonds, le fonds privé présente des spécificités propres à son producteur. De plus, mon travail concerne des fonds scientifiques dans lesquels on retrouve des typologies caractéristiques telles que des documents préparatoires aux publications ou encore des typologies propres au travail archéologique comme des dessins, croquis ou plans. En outre, certains des fonds se composent de supports CD-ROM dont on ne peut lire le format ou encore des disquettes et des ZIP. Cette obsolescence des supports et des formats pose un réel enjeu pour les archives car celle-ci entraîne une perte d’informations définitive. » nous explique-t-elle. Le traitement se déroule en plusieurs étapes. Dans un premier temps, il est essentiel de se renseigner sur le producteur, afin de constituer sa biographie et une bibliographie de son travail scientifique. Ensuite, on débute le récolement qui consiste à dépouiller le fonds et recenser toutes ses pièces en détail. Cette étape fastidieuse permet par la suite d’avoir une vision d’ensemble du fonds et de procéder à la création du plan de classement, propre au fonds. Une fois le classement intellectuel effectué, on procède au classement matériel des archives, et par la même occasion au dépoussiérage et au retrait de tout trombone, agrafe, pochette plastique ou cartonnée afin de conditionner les documents dans des matériaux de conservation neutres. Enfin, la réalisation d’un instrument de recherche et sa mise en ligne permettront d’orienter les lecteurs pour que les archives puissent être consultées. À ce jour, les fonds d’archives Francine Blondé et Yvon Garlan sont en cours de traitement. Intégrer de nouveaux outils Maxine Schoehuys-Kreiss, en stage pour quatre mois elle-aussi, travaille à la mise en place d’une méthode de transcription automatique avec l’outil Transkribus qui s’appuie sur les Archives Gilliéron. Ce fonds a été choisi parce qu’il est caractérisé à la fois par son volume et la richesse des documents : il comprend manuscrits et tapuscrits, de multiples langues et des contenus variés (dessins et croquis au sein des textes). L’objectif est donc d’utiliser la reconnaissance automatique de caractères (OCR et HTR) pour générer à partir d’archives papiers des textes numériques et offrir aux chercheurs des outils pour fouiller ces textes, créer des index et référencer des occurrences de lieux, de personnes, d’objets, de matières, etc. « À partir du fonds Gilliéron, nous proposerons une méthodologie de transcription d’archives applicable à tout programme de recherche EFA souhaitant mettre en place un tel projet. Le guide et les fiches pratiques résultant de ce stage seront adressés aux programmes pour les conseiller et les orienter sur les pratiques de transcription, que ce soit les pratiques pour la transcription en français contemporain, les outils et soutiens disponibles ou la méthode pour automatiser le processus. » nous annonce Maxine. « Nous contacterons prochainement certains responsables de programme déjà impliqués dans des projets de transcription. Si ces missions vous concernent, n’hésitez pas à me contacter par mail ou à venir me voir sur place, à la salle Prassa ! » ajoute-t-elle. L’appel est lancé!

Projet Kalidatar : produire et déposer des données de qualité

Depuis le début de l’année 2023, la bibliothèque, les archives et le service commun du RESEFE ont réactivé un ancien projet de développement de fiches pratiques dédiées à la collecte de données scientifique et au dépôt d’archives dans le cadre d’une mission EFA. L’objectif est de proposer des instructions concrètes sur la façon dont des données et des archives au format électronique peuvent être déposées à l’EFA, ainsi que des informations plus larges sur les façons les plus adaptées de préparer missions et collecte de données pour en garantir la pérennité, mais aussi pour faciliter leur usage et leur dépôt. Le projet n’est pas récent, mais se heurtait à sa propre ampleur. C’est pourquoi un « coup de départ » particulier a été organisé cette année, avec l’accueil au mois d’avril d’une stagiaire conservatrice de bibliothèque, chargée de définir un plan général de ces fiches et autres documents tutoriels et d’en rédiger les premiers. Hélène Jacquemard travaille en collaboration avec Rémy Ienco, chargé de la Science ouverte à l’EFA. L’un des enjeux du projet étant de garantir l’aspect pratique et directement exploitable de ces supports, les premières étapes du projet avancent en collaboration avec des agents du réseau des Urfist (Unités régionales de formation à l’information scientifique et technique), dont la spécialité est, justement, de former et accompagner les chercheurs à l’utilisation et à la production d’informations scientifiques et techniques. En attendant la mise en ligne des supports sur le site de l’EFA, nous profitons de cette newsletter pour mettre en valeur les travaux déjà aboutis d’autres réseaux ou institutions que le projet Kalidatar vise à compléter, qui gagnent à être connus, mais que surtout chacun gagne à connaître.

Doranum

Plateforme réalisée par l’INIST-CNRS et … le GIS réseau des Urfist, Doranum rassemble de la documentation et des outils tutoriels sur la gestion et le partage de données produits par diverses institutions et universités françaises. Nous recommandons particulièrement les pages dédiées aux enjeux et bénéfices du partage des données de la recherche, notamment la vidéo « Minute validation et réutilisation des données » réalisée par l’Urfist Méditerranée et celles dédiées aux plans de gestion de données, notamment le webinaire « Bonnes pratiques de rédaction et outils » réalisé par l’INIST.

Callisto

Plateforme de formation dédiée à l’IST dans son sens le plus large, Callisto rassemble notamment des webinaires en libre accès à destination des chercheurs et des professionnels de l’IST. On comprendra que les vidéos « Transition bibliographique » ne passionnent pas les archéologues ou les enseignants-chercheurs en histoire, mais nous signalons à votre attention la formation Zotero produite par l’Urfist Méditerranée, la série de vidéos « Coup de toner sur la science ouverte » produite par l’Université de Toulouse et l’Urfist Occitanie et pourquoi pas un webinaire sur l’usage et la création de GIF, pour animer cours et interventions scientifiques dans le respect de la science et du droit d’auteur.

MASAplus

Consortium ayant pour but la diffusion et la mise en œuvre des principes FAIR dans la communauté archéologique, MASAplus propose sur son carnet Hypothèses des corpus, des outils et des guides de bonnes pratiques. Outre une offre de formation, on trouvera notamment dans la page Outils le livre blanc 2022 Guide des bonnes pratiques du numérique en archéologie, sur lequel nous attirons votre attention – le guide est déposé sur HAL. À noter aussi que le groupe de travail Archives de MASAplus travaille actuellement sur la question de la méthodologie et de l’articulation des données de la recherche avec les archives dans le cadre de la Science Ouverte.

European Archaeological Council

Au sein du EAC, un groupe de travail consacré à la question des archives de l’archéologie a également publié un guide de bonnes pratiques, The Standard and Guide to Best Practice in Archaeological Archiving in Europe, disponible en français. On trouvera aussi instructions et bonnes pratiques, en anglais cette fois, sur le site d’Archaeological Data Service, le principal entrepôt accrédité au Royaume-Uni pour les données relatives à l’archéologie, et notamment une série dédiée à la gestion des données et une autre à leur versement. Par ailleurs, AriadnePlus, consortium qui diffuse les données archéologiques de différentes infrastructures en Europe, a mis à jour les recommandations d’ADS par type de données et les propose sur son site.

Signalons enfin, moins animées et colorées mais utiles pour préparer vos missions de 2023, les fiches pratiques du service des archives de l’EFA et la stratégie sur les données de la recherche du Resefe.

 BIBLIOTHÈQUE

Licences nationales : des ressources en accès pérenne

Depuis plus de 10 ans, le programme ISTEX puis le programme Collex-Persée acquièrent des corpus documentaires électroniques d’excellence et de référence, dans toutes les disciplines. Cette documentation est acquise pour l’ensemble des établissements de recherche et d’enseignement supérieur français, de façon pérenne. Elle est accessible sur les plateformes des éditeurs pour une durée variable, puis uniquement sur la plateforme ISTEX, chargée de conserver et diffuser ces titres sur le long terme. L’ensemble de ces ressources est présenté sur le site Licences nationales créé et administré par l’Abes, qui porte le projet ISTEX depuis 2012 (https://www.licencesnationales.fr/les-corpus-acquis/). Vous pouvez y accéder directement sur le site des éditeurs (pour les licences les moins anciennes) ou sur la plateforme ISTEX (avec l’interface de recherche ISTEX : https://www.istex.fr/la-base/rechercher/), depuis le réseau de la bibliothèque de l’EFA à Athènes (et probablement depuis celui de votre bibliothèque universitaire ou de laboratoire en France). L’accès dit « distant » (soit depuis un autre réseau que le réseau institutionnel EFA) est possible pour le personnel de l’EFA, les anciens membres et les chefs de mission EFA, uniquement depuis le catalogue en ligne de la bibliothèque. Au fur et à mesure des acquisitions, la bibliothèque de l’EFA y a ajouté les livres et les revues des licences nationales qui correspondaient à sa politique documentaire et aux besoins de ses lecteurs. Un travail de vérification et de contrôle est en cours pour améliorer leur signalement. Les premiers résultats de ce travail sont consultables dans la collection « Licences nationales » du catalogue en ligne de la bibliothèque. Une partie des documents des licences nationales n’est donc pas (encore) dans le catalogue public de la bibliothèque. Il est fort probable que les ebooks du corpus Royal Society of Chemistry n’y entreront pas, mais en attendant que le travail de signalement dans le catalogue soit achevé, il est possible que nos lecteurs trouvent des ressources intéressantes dans le corpus d’ebooks Springer sur l’Europe Centrale, Orientale et les Balkans (la liste des titres avec le lien d’accès est présentée sur cette page) ou dans le corpus numériques de livres anciens de la bibliothèque nationale de Florence (liste et description ici). Si vous repérez des documents dans ces corpus qui manquent à notre catalogue, n’hésitez pas à le signaler à la bibliothèque (bibliotheque@efa.gr). Si vous faites partie des lecteurs bénéficiant de l’accès distant aux ressources depuis le catalogue mais n’y accédez pas, n’hésitez pas non plus à contacter la bibliothèque (ou à consulter la fiche pratique Accéder aux ressources en ligne).

 PUBLICATIONS

Histoires de BEFAR

Le 31 mars 2023, l’École française de Rome fêtait, avec l’ouverture de l’antenne romaine de l’École française d’Athènes, ses « premiers » 150 ans. Il n’y a pas eu, dès lors, meilleure expression des liens étroits qu’entretiennent les deux institutions que leurs publications, considérées non pas comme la simple conclusion d’une recherche, mais bien comme un outil au service de leurs ambitions, voire comme une arme culturelle essentielle dans le domaine de la diplomatie. Émile Burnouf, dans sa lettre au ministre Jules Simon du 7 avril 1873, n’écrivait-il pas : « La création de la succursale de Rome est la seconde étape du chemin que nous avons à parcourir ; la première était la construction de l’École [d’Athènes]. La troisième, comme je le fais pressentir à Monsieur Thiers, sera la création d’un recueil régulier de mémoires et d’autres écrits formant un corps d’Annales propre à l’École française et qui puisse être opposé aux publications analogues de l’Allemagne ». Cette initiative a ainsi donné naissance à la Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome. Pour en savoir davantage sur l’histoire de cette collection commune, retrouvez Histoires de BEFAR, à paraître bientôt sur le blog ArchivEFE

Nouveautés diffusées ce premier trimestre

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 PORTRAITS

Les nouvelles recrues

Marino FICCO

Archéologue et historien formé à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et à l’EHESS, Marino s’intéresse à la « public archaeology », à la protection et à la valorisation du patrimoine. Sa thèse de doctorat, achevée en 2021, porte sur l’impact du crime organisé sur le patrimoine et sur la recherche en archéologie. Il a rejoint l’EFA en février 2023 en tant que project manager du programme ANCHISE (Horizon Europe).

Louise GADOIN

Louise Gadoin a rejoint l’EFA le 1er janvier 2023 en tant que Volontaire International en administration. Diplômée de l’Institut d’Études Politiques de Toulouse et forte de deux ans d’expérience en gestion de projets de préservation du patrimoine mondial menacé, elle sera en charge du suivi des partenariats, de l’appui au montage de projets européens et du projet de mise en place d’un institut d’études avancées.

Rémy IENCO

Volontaire international au département des archives depuis le 1er mars 2023, Rémy Ienco remplit des missions inter-services en lien avec la structuration de la politique de science ouverte de l’EFA, l’amélioration de l’interopérabilité des données et la mise en ligne des archives. Il a auparavant réalisé divers stages et contrats en édition numérique, notamment de textes patrimoniaux, à Lyon, Tours et Lille.

Étienne LEMARIGNER

Issu de la Direction Générale des Finances publiques, Étienne était comptable dans une trésorerie mixte en Alsace (Bas-Rhin) avant d’être détaché en qualité d’agent comptable – chef des services financiers auprès de l’INSA à Strasbourg. Il a intégré le service comptable et financier de l’EFA en janvier 2023.

DANS LES COULISSES DE L’EFA

©EFA, E MiariPita 2023

La directrice et les personnels de l’École française d’Athènes se sont réunis le 24 janvier pour couper la traditionnelle Pita. Se sont joints à eux deux anciens directeurs et de nombreux anciens collègues, venus célébrer à cette occasion les carrières de celles et ceux qui ont pris leur retraite récemment : Litsa Trouki, Tony Kozelj, Michalis Douzenis et Vivi Lymberopoulou.

©EFA, E MiariJournée des membres

Les membres scientifiques ont été à l’honneur tout au long de la journée du 15 février. La matinée était consacrée à la Melimera, temps d’échange instituté en 2018 et durant laquelle les membres présentent leurs travaux de recherche en cours à leurs collègues au sein de l’École. La directrice et les personnels de l’EFA ont ensuite pu apprécier leurs talents culinaires autour du magnifique buffet du traditionnel Pot des membres.

Atelier Les métiers de l'archéologie ©EFA, E MiariVisite des élèves du LFH

Le 23 mars, l’École française d’Athènes a accueilli, comme chaque année, des élèves du Lycée franco-hellénique Eugène Delacroix pour une présentation de l’École et de ses services à travers divers ateliers. Après une matinée passée à découvrir les secrets de la topographie, de la restauration, des estampages, de la reliure, des métiers de l’archéologie, ou encore des trésors de la bibliothèque, les collégiens ont pu profiter des jardins pour leur pique-nique.

 RÉSEAUX

ResEFE, J. BalluRESEFE – EFA/EFR 150

Après l’École française d’Athènes qui fêtait ses 175 ans en 2021-2022, c’est au tour de sa sœur romaine de souffler ses 150 bougies et de célébrer l’anniversaire du décret du 25 mars 1873, qui créait la « section romaine » de l’École d’Athènes, à l’origine de l’École française de Rome instituée en 1875 et installée au Palais Farnèse. « Nous compterons désormais deux écoles françaises consacrées aux études archéologiques sur le monde grec et sur le monde romain, ayant leur résidence l’une à Athènes, l’autre à Rome ; explorant l’une l’Italie, l’autre l’Orient. Ainsi les deux écoles se complèteront l’une l’autre », écrit Charles Bigot dans la Revue politique et littéraire cette année-là. C’est dans ce cadre que s’est déroulée à Rome le 31 mars dernier la journée d’études 1873-2023, cent-cinquante ans de collaboration entre les Écoles françaises d’Athènes et de Rome. Du passé vers l’avenir. Les trois tables rondes ont réuni directeurs, collaborateurs et membres scientifiques des deux institutions qui se sont penchés, alternant les points de vue, sur ces 150 années de vie et d’histoire. Cette journée, placée sous le signe du Réseau des Écoles françaises à l’étranger, a permis de s’intéresser à de nouvelles thématiques communes et de poser les jalons pour des projets de commémoration communs entre les deux Écoles et leurs services.

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