Pour une histoire décalée de l’École française d’Athènes. Portrait d’une « école buissonnière »

Responsable : Alexandre Farnoux
Contact : Alexandre Farnoux (Sorbonne Université)


 L’histoire de l’École française d’Athènes a déjà fait l’objet de trois publications importantes (Radet 1901, Étienne 1996, Valenti 2006). On peut ajouter à ces études historiographiques les articles « autobiographiques » des directeurs successifs de l’établissement où les intéressés situent leur œuvre et leur action dans la trajectoire de l’institution (Fougères 1927, Picard 1948). Il faut y adjoindre aussi des articles, moins connus, d’acteurs ou de responsables, ou encore de membres, qui ont aussi donné leur vision de cette histoire (Gebhart 1892, Lévêque 1898, La Coste-Messelière 1927, Courbin 1954, etc.). Un secteur de l’activité de l’École a fait l’objet de recherches et de publications privilégiées, celui des fouilles : à l’occasion d’une commémoration (Delphes, Délos, Thasos, Philippes) ou d’un événement (Dréros) ou d’une conférence (Béotie, Malia, souvent restées inédites), on a retracé les péripéties d’une exploration de terrain en exploitant le riche fonds d’archives de l’École. À la différence des autres Écoles françaises à l’étranger (EFEO 2011 Casa 1929, EFR 2015, IFAO 2019), l’École d’Athènes a vu ainsi son histoire plusieurs fois explorée, écrite et détaillée. Pourquoi lui consacrer un programme ?

Un point de vue décalé
L’ensemble des publications citées ci-dessus ont en commun d’avoir ordonné l’histoire de l’institution selon un unique point de vue : à partir de ce que l’École était devenue, à savoir un institut de recherches archéologiques. Ce parti pris téléologique, s’il fait la part belle aux plus riches heures de l’aventure athénienne, a comme conséquence d’élaguer les épisodes mineurs, les aspects anecdotiques, les choix sans avenir ou les expériences sans lendemain qui n’en sont pas moins riches d’enseignement sur les potentiels de l’institution. Par ailleurs, ces histoires ont été rédigées le plus souvent d’un point de vue national, français, sans faire la place au pays, à la population et aux institutions avec lesquels l’École a partagé plus de 175 ans d’une histoire commune. Archéologiques et franco-français, ces travaux laissent donc dans l’ombre des aspects qui ne font pas sens dans cette trajectoire univoque mais dont la récapitulation raisonnée, à partir de fonds d’archives publiques ou privées, permettrait d’enrichir la mémoire actuelle de l’institution, de mettre en lumière son extrême plasticité passée et de rendre à nouveau actif son potentiel d’action. Il est à noter qu’on a souvent souligné – le plus souvent pour le critiquer – le caractère vague et imprécis des statuts fondateurs dont l’École a mis longtemps à s’extraire. Or c’est lui justement qui lui a permis d’évoluer, de s’adapter et de se renouveler pendant plus d’un siècle et demi d’histoire. C’est l’étude de l’École française d’Athènes comme « école buissonnière » que ce programme propose de faire.
C’est donc à une histoire doublement décalée qu’est dédié ce programme de recherche. Ce changement de perspective dispense de refaire une nouvelle histoire de l’établissement en reprenant des thèmes sur lesquels il serait difficile d’obtenir un renouvellement des connaissances important, par exemple en matière d’histoire institutionnelle ou d’historiographie des grandes fouilles. Il permet en revanche d’ouvrir à la recherche des champs nouveaux. Le programme qui couvre principalement la période 1846-1946 rassemble une équipe une quinzaine de chercheurs français et étrangers et recrute de nouveaux collaborateurs pour contribuer à une des enquêtes ci-dessous.
 
Les enquêtes

  • L’EFA et la Villa Médicis
  • l’EFA et les « école du Levant »
  • L’EFA et les réseaux des EFE et des IFRE : histoire de figures communes (Dumont, Pâris, Gabriel, Seyrig, l’architecte Camille Lefèvre, etc.) et de notions communes (anastylose : Angkor et Parthénon)
  • L’EFA et les Écoles étrangères à Athènes : entre mondanités et rivalités ?
  • L’EFA et la politique : l’engagement politique des membres dans la presse (1846-1976)
  • L’EFA et la fiction littéraire, de Edmond About à Vassilis Alexakis
  • Les voyages des membres (1846-1946)
  • Les questions de l’AIBL (1850-1890)
  • L’EFA et les études néohelléniques en France
  • Lettres d’Athènes : les correspondances privées de membres 1846-1929

 
Des axes
Ces enquêtes viennent nourrir trois axes thématiques qui structurent le décalage de l’analyse historique : 

  • 1. L’EFA et l’histoire de l’enseignement supérieur en France
  • 2. L’EFA et la société grecque (société civile, monde académique et politique, YPPO et Société archéologique)
  • 3. L’EFA et l’histoire ou épistémologie de l’archéologie et de de l’histoire de l’art 

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